Alors que la grève dans les transports publics, à la SNCF, à la RATP et dans d’autres villes en régions est fortement médiatisée, celle des agents d’EDF et autres producteurs et distributeurs d’énergie est longtemps restée à l’arrière-plan médiatique. Jusqu’à récemment.
Pourtant dès le 5 décembre, quand la direction d’EDF déclarait plus de 50 % de grévistes, la CGT annonçait entre 85 et 100 % d’arrêts de travail, notamment dans les secteurs de production. Une mobilisation qui était supérieure à celle engagée le 19 septembre dernier pour protester contre le projet de scission du groupe entre le nucléaire, sanctuarisé, et un « EDF Vert » (distribution, commercialisation et renouvelables), qui serait introduit en bourse. Projet depuis repoussé à plus tard.
Coupures pour les uns, tarif réduit pour les autres
Cette forte mobilisation s’est ensuite confirmée lors des journées d’actions et de manifestations des 10, 12 et 17 décembre. Mais, si dans un premier temps les actions sur le réseau sont passées inaperçues, la vraie fausse colère du gouvernement et des élus LREM et LR a rapidement été relayée par les médias et experts aux ordres.
Le prétexte est la coupure de courant exceptionnelle qui se serait produite dans des hôpitaux ou des cliniques. Établissements qui sont dans l’obligation de disposer d’installations de secours d’alimentation pour les cas de pannes, et donc sans risque pour leurs activités. Mais des situations qui ont servi de prétexte aux ministres, dont le Premier d’entre eux, pour dénoncer l’irresponsabilité des grévistes, voir la mise en danger qu’ils et elles auraient provoquée.
Pourtant, dès le 5 décembre, des délestages du réseau ont été engagées contre des administrations, des entreprises, des réseaux de transport, des préfectures, permanences d’élus de La République en marche, mais aussi des centres commerciaux et des multinationales comme Amazon, en différentes régions comme la région parisienne, autour de Bordeaux, de Marseille, de Grenoble. Dans le même temps la distribution était rétablie pour des usagerEs privés de courant en raison de difficultés financières pendant que d’autres usagerEs était alimentés en service à facturation réduite.
Propagande anti-grève
Ces actions sont de mise depuis les débuts des années 2000, avec les Robins des bois qui les multiplient à l’occasion des mouvements de grève, mais qui agissent aussi régulièrement lors de coupures aux plus démuniEs par les distributeurs d’électricité.
Il est significatif que ce gouvernement, mis en difficulté par la mobilisation contre la contre-réforme des retraites, tente une nouvelle manière de mobiliser l’« opinion » contre les grévistes. Une attitude d’autant plus condamnable que, parallèlement, les directions des entreprises concernées tentent de déstabiliser la mobilisation par des discussions avec les organisations syndicales autour de concessions sur les futures dispositions en matière de retraites pour les salariéEs du secteur.
Après la dénonciation des « prises en otage » des usagerEs des transports, des enfants privés de voyage par les grévistes de la SNCF, c’est toute la panoplie de la propagande anti-grève qui est déployée. Manifestement pas un signal de force pour le pouvoir et en tout cas de peu d’effet sur la popularité du mouvement.
Robert Pelletier