17 novembre, 13 janvier, 24 mars, tout ce que le pays compte de réactionnaires et d'homophobes ont occupé la rue contre le droit au mariage pour toutes et tous. Il faut bien se l'avouer, c'est l'opposition de droite – voire d'extrême droite – au gouvernement qui tient le haut du pavé. Et maintenant que la crise politique éclate, que les partis de l'alternance, les partis de l'austérité, sont rattrapés par les affaires dans lesquelles leurs dirigeants se sont vautrés, il ne suffira pas de dénoncer les liens intimes, légaux et illégaux, de la politique et de la finance concernant aussi le Front national et la famille Le Pen, pour écarter le danger de voir l'extrême droite bénéficier de cette crise. Oui la corruption du personnel politique provoque le dégoût et le rejet. Mais elle ne doit pas conduire à l'abattement et à l'impuissance. Au contraire nous devons descendre dans la rue, le 1er mai et le 5 mai pour dire que c'est leur « évasion fiscale » qui fait le déficit – et pas notre santé, nos retraites ou nos salaires – et qu'ils n'ont aucune légitimité pour nous imposer austérité et sacrifices, réduction des budgets sociaux et destruction des services publics, mise à mort du droit du travail et pillage de la protection sociale… Descendre dans la rue et discuter, échanger idées et propositions pour une démocratie réelle et l'égalité totale des droits entre toutes et tous. Bref, reprendre la main et l'initiative collective, pas seulement pour dire qu'ils ne nous représentent pas, mais pour commencer à dire comment nous voulons nous représenter nous-mêmes et décider de nos vies. Nos exigences sont indissociablement politiques, démocratiques et sociales. Les manifestations du 1er puis du 5 mai ne sont pas un partage des tâches entre un mercredi revendicatif et social et un dimanche politique. Elles sont plutôt l'occasion de passer deux couches d'une même peinture afin qu'elle tienne mieux ! Dans la foulée, le 11 mai, nous prendrons la rue ou plutôt nous encerclerons la ZAD à Notre-Dame-des-Landes où il est désormais possible que l'unité et la radicalité de la mobilisation fassent reculer le gouvernement et Vinci. Parce que l'Ayraultport est un symbole des grands projets productivistes, inutiles et destructeurs dictés par les pieuvres capitalistes et imposés aux populations par les élus, une première victoire dans le bocage serait un bel encouragement.
Christine Poupin