Une élève qui range son cahier avant de monter dans une fusée, faire de la trottinette électrique sur une planète étrange et enfin rencontrer un extraterrestre à qui elle apprend à lire... On se demande ce qui a pu passer par la tête de Jean-Michel Blanquer et de ses conseillers en validant un clip de bonnes vacances aussi lunaire.
En revanche, l’intention est, elle, assez claire : c’est la trêve de Noël, il est urgent de tourner la page de la mobilisation des enseignantEs contre la réforme des retraites et plus généralement contre la politique du gouvernement.
Nous ne sommes pas des dindes aux marrons
La manœuvre est grossière mais la bonne nouvelle, c’est qu’elle a peu de chances de fonctionner. En effet, la mobilisation est restée forte toute la semaine dernière et particulièrement le 17 avec des chiffres, dans l’éducation, presque équivalents à ceux de la journée historique du 5 décembre.
Dans les AG, les discussions ont surtout porté sur la nécessité de relancer le mouvement dès la rentrée. Les collègues qui ont fait plusieurs jours de grève durant le mois de décembre n’entendent pas abandonner la lutte aussi facilement, sans avoir obtenu une victoire contre la réforme. Et ce n’est pas la promesse d’une revalorisation sous forme de primes, étalées jusqu’en 2037, et suspendues à un alourdissement des conditions de travail, qui convainquent sur le terrain.
Lacrymo et flashball contre les lycéenEs
Ce qui a marqué cette dernière semaine, c’est aussi la répression qui s’est abattue durement sur les lycéenEs qui ont bloqué leurs établissements. Mercredi et les jours suivants, de nombreux lycées ont été marqués par des blocages ou des tentatives de blocage. Et là où les proviseurs ont fait appel à la police, on a pu constater un usage totalement démesuré de la force contre les élèves. À Colombes dans le 92, ou à Vitry dans le 94, où 3 lycéenEs ont été interpellés, les mêmes scènes choquantes se reproduisent.
Janvier sera chaud
Nous devons faire en sorte que Blanquer commence 2020 aussi mal qu’il a fini 2019. Cela veut dire réussir de façon éclatante la journée du 9 janvier en la préparant activement les lundi, mardi, mercredi de la rentrée, dans nos établissements, avec nos collègues.
Et on ne peut pas dire que les arguments risquent de nous manquer pour nous convaincre de nous remettre en grève. À la réforme des retraites s’ajouteront les conséquences du budget 2020, qui annonce toujours moins de postes pour davantage d’élèves, ainsi que la mise en place des premières épreuves du nouveau bac local, les E3C. Dans tous les lycées, il faudra profiter de la mobilisation pour discuter et organiser la riposte, jusqu’au boycott, de cette nouvelle forme d’évaluation qui fait perdre le sens du métier et accroît les inégalités entre les élèves.
Enfin, comme si cela ne suffisait pas, il y a le cadeau de Noël fait par le ministre à ses chers directeurs académiques des services de l’Éducation nationale (DASEN) : une augmentation de leur prime annuelle qui pourra aller jusqu’à 51 760 euros. Ils ont bien raison de faire la guerre aux profs grévistes : avec le montant mirobolant de leur prime, ils n’ont, eux, pas trop à s’en faire pour leurs retraites.
Raphaël Alberto