Avec beaucoup de bonne volonté, EÉLV a apporté son soutien et sa participation au gouvernement de Jean-Marc Ayrault – grand promoteur en chef de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes – sans rien faire avancer des questions environnementales essentielles. Grands projets inutiles et agriculture industrielle, tout voiture et tout camion, produits chimiques et nucléaire... Rien ne change !
À l’arrivée de Valls en mars 2014, Cécile Duflot avait décidé de quitter le gouvernement. Mais la question des rapports avec le PS n’est pas réglée pour autant, et elle fracture profondément, mais aussi à géométrie variable selon le moment et les ambitions, la coalition. Pour les régionales, les listes EÉLV ont été tantôt autonomes, tantôt alliées au Front de gauche. Jean-Vincent Placé et François de Rugy, incarnant parfaitement la ligne « jamais sans le PS », quittent alors EÉLV, dénonçant une « dérive gauchiste »...
Les régionales auront été un échec cuisant qui se soldent par la perte de 200 conseillerEs régionaux sur les 265 éluEs de 2010, et de graves difficultés financières, imposant la mise en vente du siège parisien et la réduction d’un tiers du nombre des salariéEs. Le balancier repart dans l’autre sens, et Cécile Duflot de proposer alors une « coalition de transformation sociale et écologique » à François Hollande, parvenant même à trouver « des victoires durant ce quinquennat : la baisse de la part du nucléaire, la contribution carbone »...
Pour Emmanuelle Cosse, EÉLV est « tombé dans le piège » de l’alternative pour ou contre la politique menée par François Hollande. Elle estime que : « Cette vision simpliste (...) a réduit considérablement (son) espace politique.» Et pour enfoncer le clou, elle martèle : «L’opposition de gauche est une impasse.» Maîtresse dans l’art du « ni oui ni non bien au contraire », elle considère que la lisibilité d’EÉLV serait de refuser d’être « ballottés entre la social-démocratie et l’opposition de gauche ». Une façon de dire que tout est ouvert... y compris pour elle-même.
Et l’écologie dans tout ça ?
Et puis soudain, Cécile Duflot oublie sa proposition de coalition et hausse aujourd’hui le ton, en particulier contre la déchéance de la nationalité. Évidemment cette mesure indigne mérite sa vertueuse indignation et sa condamnation sans appel... Le front des opposantEs ne sera jamais trop large. Mais malheureusement, là n’est pas vraiment la question : pour Duflot, il s’agit plutôt de rendre impossible toute participation d’une personnalité étiquetée « écologiste » au prochain gouvernement... afin de préserver ses maigres chances en vue de la présidentielle.
Après avoir voulu incarner un certain renouvellement des mœurs politiques (porte-parole multiple, parité...), EÉLV se retrouve empêtrée dans les pires pratiques personnelles tellement conformes à la 5e République et à son régime monarchique, celles-là mêmes qui alimentent un rejet bien mérité de la politique professionnelle.
Mais la palme du cynisme revient quand même au final à Hollande dont on finit par apprendre qu’il aurait proposé à Nicolas Hulot, en échange de son entrée au gouvernement, d’abandonner le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et d’arrêter le déversement des boues rouges en Méditerranée ! Comment ne pas se souvenir des vieilles (1974) paroles de François Béranger dans la bien nommée chanson « Magouille blues », parlant des hommes politiques avant les élections qui « iraient même, qui l’aurait cru, jusqu’à nous montrer leur cul » !
Décidément, l’écologie vaut plus que tout leurs calculs électoraux !
Christine Poupin