Nous avons de nouveau rencontré Lutte ouvrière le 16 octobre dernier à propos des élections européennes. Dans cette discussion, malgré les points de convergence, LO nous dit à l’heure actuelle ne pas estimer qu’un accord est possible.
Les camarades nous ont d’abord reproché que le texte adopté à notre dernier CPN était « fait pour leur plaire » et donc ne pouvait être une base de discussion. Au cours de la discussion, ils et elles nous ont dit vouloir une « campagne communiste », mais sans jamais nous dire en quoi cela consisterait, car nous savons bien que, dans les élections, LO aborde toujours bien d’autres points : les revendications immédiates sur les questions sociales, la nécessité de construire les luttes, etc. Mais ce refus de préciser leur pensée est cohérent avec le refus, qu’ils et elles nous ont indiqué, à la fin de la discussion, de mettre leur position par écrit.
Des désaccords importants…
Après nos diverses réunions, on peut résumer nos désaccords en trois points.
Le premier concerne les éléments de rupture vis-à-vis de l’Union européenne, ses traités, etc. LO ne veut pas en entendre parler, car cela reviendrait selon eux à mettre le petit doigt dans l’engrenage du nationalisme. Plus largement, LO ne souhaite pas vraiment aborder les questions européennes (institutions européennes, banque centrale, etc.) dans ces élections… européennes.
Le second désaccord concerne les mobilisations : malgré ce que LO fait en réalité, les camarades nous ont indiqué être en désaccord sur le fait que la campagne électorale pouvait servir à promouvoir les luttes contre Macron, car « cela n’a rien à voir avec la campagne communiste que nous voulons ».
Le troisième est leur réticence à mettre en avant des revendications en dehors du rapport capital-travail direct, concernant les migrantEs, les droits des femmes ou l’écologie.
… dépassables le temps d’une campagne électorale
Malgré l’importance de ces désaccords, du côté du NPA, nous considérons qu’un accord est possible, comme il l’a été à plusieurs reprises entre LO et le NPA ou, auparavant, la LCR, alors que les mêmes désaccords existaient. Dans une campagne commune, chacun garderait sa liberté de parole sur un certain nombre de points pour autant que cela n’affaiblisse pas la campagne commune en la rendant incohérente.
Cette campagne pourrait être axée sur le rejet de l’Union européenne capitaliste tout autant que de la politique de Macron, de l’État et du patronat français. Elle pourrait s’appuyer sur les revendications que nous partageons : salaires, licenciements, temps de travail, mais aussi réquisition des banques et annulation de la dette, développement des services publics, liberté de circulation et d’installation pour les migrantEs, planification écologique, défense et extension des droits des femmes…
Elle pourrait enfin avancer la nécessité de la rupture avec le capitalisme, d’un gouvernement des travailleurEs, appuyé sur les mobilisations sociales, un mouvement d’ensemble du monde du travail, pour construire une société débarrassée de l’exploitation, une société communiste, et la nécessité pour les exploités de s’organiser pour ce projet, de construire un parti qui les représente.
Cela n’effacerait pas les désaccords entre LO et le NPA, mais cela permettrait, dans une campagne qui s’annonce structurée par le faux débat entre le nationalisme de l’extrême droite (voire d’une partie de la gauche) et le libéralisme pro-UE de Macron, de faire apparaître une autre voix, celle des anticapitalistes internationalistes. Une nouvelle discussion est prévue le 8 novembre pour permettre aux directions de nos deux organisations de prendre une décision.
Antoine Larrache, Armelle Pertus et Christian Babel