Cette année, Lutte ouvrière a enfin accepté de débattre à notre université d’été. Le NPA a proposé des listes communes aux élections européennes de 2019 à LO, ainsi qu’aux militantEs que nous avons rencontrés dans les luttes ces derniers mois. La discussion s’annonce difficile…
Nous sommes intervenus sur diverses thématiques : les enjeux de cette élection par rapport à la lutte contre le gouvernement, les axes que nous voulons aborder, en particulier la défense des migrantEs, la nécessité d’une rupture internationaliste avec les institutions européennes et la construction d’un parti des exploitéEs. Les camarades de LO ont répondu essentiellement sur le positionnement par rapport à l’Europe et sur la question des migrantEs.
Rompre avec le capitalisme mais pas avec l’UE ?
Concernant l’Union européenne, les camarades nous ont accusés de nous positionner pour « trouver l’oreille de tous ceux qui nagent dans le courant protectionniste ». Pour eux, le problème est le capitalisme, au sein duquel s’expriment des contradictions que l’on peut identifier mais sur lesquelles on ne pourrait pas peser. Les camarades ont certes abandonné la formule selon laquelle l’UE ne serait qu’une « diversion » et sont d’accord pour dénoncer l’Europe capitaliste mais, de fait, ils en font une question très secondaire dans la campagne.
Ce faisant, nous estimons qu’ils ne comprennent pas les points clés : les puissances dominantes que sont la France et l’Allemagne utilisent l’UE comme une machine de guerre à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs frontières. Dès lors, notre devoir est de faire tomber cet outil de notre impérialisme pour construire une Europe des travailleurEs et des peuples, avant que l’extrême droite ne le fasse au profit de régimes ultra autoritaires.
MigrantEs : pas qu’une question de solidarité !
Nous avons été choqués par les propos des camarades de LO sur les migrantEs. Ils ont défendu la liberté de circulation et d’installation, dénoncé la politique du gouvernement, mais ont aussi sérieusement ripé en nous expliquant qu’on ne pouvait pas défendre ces positions devant des salariéEs en lutte pour leur emploi : « Qu’est-ce que vous dites à une caissière de supermarché qui va se faire licencier ? Que dans le camp de migrantEs les gens vivent mal ? » Cette fois, ce sont bien les camarades de LO qui prêtent l’oreille aux préjugés racistes.
On a encore entendu : « Par rapport au problème des migrants, qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre qu’exprimer votre solidarité tant qu’on n’aura pas foutu en l’air cette société. Je préfère passer mon temps à discuter avec tous les travailleurs [de la foutre en l’air] » Cette fois, on est face à deux problèmes : le refus de mettre au premier plan des revendications immédiates ou transitoires pour les migrantEs… et un découpage incroyable entre les migrantEs et les travailleurEs… alors que les migrantEs font partie intégrante de la classe ouvrière !
Pour nous, cette question est capitale car c’est un élément clé de la crise européenne globale. Elle déstabilise les États nationaux. Nous pouvons aussi y voir la réalité de la politique de Macron et de certaines organisations de « gauche ».
Listes communes ?
Nous sommes favorables à des listes communes de nos organisations, mais à condition que le contenu défendu par ces listes réponde aux enjeux de la période, contre Macron, l’UE et pour les migrantEs. D’autant que deux problèmes supplémentaires se posent : devrions-nous réaliser une campagne propagandiste pour le communisme ou faut-il, comme nous le pensons, partir de préoccupations concrètes pour amener à une remise en cause du capitalisme ? Et nous ne savons pas, à l’heure actuelle, si LO envisage la possibilité de listes communes ou si elle ne fait actuellement que polémiquer sans en faire une possibilité réelle.
Les discussions s’annoncent donc difficiles, même si nous venons de relancer LO pour les poursuivre rapidement au mois de septembre.
Antoine Larrache et Joséphine Simplon