En acceptant de « débattre » en tête-à-tête avec le RN jeudi dernier, Attal confirme le jeu dangereux auquel se livrent les apprentis sorciers macronistes : se mettre en scène comme prétendu barrage à leur meilleur ennemi, qui reste en tout cas le pire pour notre camp social. Attention danger !
À quelques jours de ces élections, on pourra sans nul doute se mettre d’accord sur le fait que de campagne, il n’y en aura point eu, ou si peu. La démocratie électorale des puissants aura rarement autant tourné à vide que ces dernières semaines. Point d’enjeu, même pas par rapport aux chaos militaires et coloniaux qui secouent le monde, des massacres en Palestine — dont l’affreux bombardement d’un camp de réfugiéEs à Rafah est la plus récente tragédie — à l’intensification de l’offensive russe contre l’Ukraine autour de Kharkiv. Seul reste le spectacle consternant du monde politique et de ses petits calculs pour préparer la suite.
C’est dans ce cadre qu’il faut apprécier les rapports de forces que, jour après jour, les sondages nous renvoient, et la façon dont en particulier le pouvoir en place entend répondre. Sa candidate, Valérie Hayer, a durablement dévissé, privée d’un espace difficile à trouver tant la colère est grande contre ce gouvernement et tant les mesures mises en place par celui-ci déroulent un tapis rouge au Rassemblement national.
Ainsi, Attal peut toujours affirmer que c’est pour lui « une fierté de ne pas être d’accord » avec Bardella sur la question de l’immigration, en réalité, de la sinistre loi asile immigration poussée par Darmanin en décembre au Pacte migratoire voté par le Parlement européen il y a quelques semaines, les classes dirigeantes européennes — dont celle d’ici — n’ont aucune réponse alternative au logiciel raciste et rance de l’extrême droite. Et dans cette fuite en avant mortifère qui se joue sur son propre terrain, c’est le RN qui gagne, transformant le prochain scrutin en « référendum pour ou contre l’immigration » selon les mots de Bardella jeudi soir...
Prendre des forces en votant Union populaire
C’est bien leur Europe, construite avant tout pour satisfaire les banques et les marchés, et qui a bien vite su se faire forteresse contre les migrantEs, qui peut amener le pire, y compris en se préparant aux prochains conflits. Nous avons donc un besoin urgent de construire une alternative à ce cauchemar, dont les forces d’extrême droite — ici autour de Le Pen, Bardella, Maréchal, Zemmour et Cie, mais aussi aux Pays-Bas (où ils font alliance avec les amis de Macron), en Italie ou en Hongrie — sont l’incarnation la plus chimiquement pure.
Pour cela, il faut se préparer à ce que les résultats du 9 juin frappent fort notre camp social, avec un score très élevé pour l’extrême droite… mais ce coup ne doit être que de semonce et ne doit pas nous assommer.
Il y a une perspective, à la fois unitaire et radicale, à construire. La transformation profonde de l’écosystème qui permet en particulier à l’extrême droite de prospérer ne peut passer que par des ruptures sociales et démocratiques, même partielles.
Ce n’est certes pas le projet des forces social-libérales à gauche qui nous promettent pour la énième fois une « Europe sociale » que, pourtant, elles enterrent au quotidien dans leur co-gestion avec les droites européennes.
Pour qu’existe une réelle alternative à cette Europe, pour rassembler nos forces dans la rue et dans les urnes, il y a donc urgence à donner le plus de voix possible à la liste la mieux placée pour réunir les suffrages exprimant une volonté de se battre, celle de l’Union populaire conduite par Manon Aubry.
Une volonté de ne pas se résigner au pire à affirmer dans les urnes dimanche 9 juin, pour construire ensuite les luttes nécessaires sur nos lieux de travail ou d’études, et dans nos quartiers. Car nous avons plus que jamais besoin de victoires sociales pour construire une alternative à ce système inégalitaire et raciste et à l’Union européenne qui en est le produit.