Après la promesse d’une courbe du chômage qui s’inverserait, après les largesses faites au Medef, après l’agrément d’une nouvelle convention d’assurance chômage qui n’est en rien un cadeau, le gouvernement, en la personne de Rebsamen, son ministre du Travail et de l’Emploi, continue dans les provocations !
Visiblement, ce qui existe déjà ne leur suffit pas ! Pourtant, en 2008, Sarkozy faisait adopter l’Offre raisonnable d’emploi (ORE) : en cas de refus de deux offres dites « raisonnables », le chômeur peut être sanctionné. Le PS avait à l’époque dénoncé cette loi… Mais la réalité est que l’ORE est très peu appliquée. Et pour cause ! Comment sanctionner alors que le marché du travail est sinistré ?Mais qu’à cela ne tienne, depuis 2013, une expérimentation a été lancée dans 4 régions par la direction générale de Pôle emploi : l’implantation de plateformes de contrôle de la recherche d’emploi. L’objectif ? Mesurer la dissociation de l’activité d’accompagnement de celle du contrôle. Car le débat est vieux comme le monde : comment contrôler alors que l’on accompagne les chômeurs dans une relation de confiance ?La mise en place d’équipes dédiées à ce contrôle (isolées sur un lieu tenu top secret) doit répondre à ce dilemme. Les contrôles sont soit aléatoires, soit déclenchés par le conseiller référent du demandeur d’emploi. Ils consistent en une analyse du dossier informatique du chômeur : acte de candidature sur des offres d’emploi, existence d’un espace personnel sur le site pole-emploi.fr, abonnement aux offres, réalisation des actions du Projet personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE)... Le contrôleur peut aussi appeler le « contrôlé » pour obtenir plus d’informations et se voir communiquer des justificatifs de recherche d’emploi. Si cela n’était pas suffisant, la convocation peut se faire. Pour le moment, aucun texte ne permet aux équipes dédiées de se déplacer au domicile des chômeurs...
Taper sur les plus précaires, la honte !Aussi, les déclarations de Rebsamen peuvent être perçues comme le prélude à une généralisation de cette expérimentation à tout le territoire. Ces propos, inadmissibles, sont une véritable insulte pour les chômeurs qui galèrent. Une nouvelle fois, les sans-emploi sont montrés du doigt (rappelons-nous les propos de Wauquiez sur les « assistés »). Il est en effet plus facile de stigmatiser les chômeurs plutôt que de s’interroger sur les vraies raisons du chômage : absence d’offres, développement de la précarité, aggravation des conditions de travail, non-respect du Code du travail par certains employeurs qui utilisent le contexte économique pour imposer des contraintes aux travailleurs sous peine de licenciement. Et la dernière réforme de l’inspection du travail ne va pas arranger les choses...Du côté de Pôle emploi, la situation n’est pas plus glorieuse : des radiations administratives en augmentation ; des procédures de gestion de la liste automatisées ; un nombre de conseillers bien en-deçà des besoins ; un recours à la sous-traitance et au privé de plus en plus important ; sans parler du financement à fonds perdus d’un sous-traitant privé (C3 consultants) qui a finalement été mis en redressement judiciaire.Les déclarations tonitruantes de Rebsamen ont deux finalités : inverser enfin la courbe du chômage – mais de quelle façon ! – et poursuivre les économies sur le dos des chômeurs. Ce gouvernement continue de réaliser les rêves du patronat : une main-d’œuvre flexible, corvéable à merci, et de moins en moins protégée. Jusqu’où ira-t-il ? Il est grand temps de lui barrer la route !
Comité travail-emploi Île-de-France