Publié le Jeudi 15 septembre 2016 à 09h25.

Fête de l’Humanité : Une gauche qui n’est pas à la fête...

Il y avait du monde à l’édition 2016 de la Fête de l’Humanité, mais une affluence en baisse, d’après les premiers chiffres annoncés par le journal lui-même : 450 000 contre 500 000 l’an dernier). On ne peut pas dire que ce soit la faute à la météo, mais plutôt au manque d’enthousiasme que peuvent susciter tout les prétendantEs à une candidature « de gauche » dont personne ne voit bien où elle se situerait vraiment !

On a bien compris que les quatre concurrentEs, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Cécile Duflot, venus à l’invitation du non-candidat (quoique, il faut voir) Pierre Laurent, critiquent devant le public de la fête la politique du gouvernement Hollande, combattue sur le terrain par celles et ceux qui les écoutaient.

Arnaud ou Jean-Luc ?

Mais que signifie « rassembler les forces de gauche pour éviter le spectre d’un 21 avril » proposé par Montebourg ? Avec ou sans le PS ? Et quelle perspective que celle d’appeler à « la soumission et la collaboration de la finance à l’intérêt du pays », quand personne n’a oublié sa capitulation devant Arcelor Mittal ?

Quant à Jean-Luc Mélenchon, s’il s’appuie sur les sondages pour enfiler le costume de meilleur candidat, il est bien loin d’amener des réponses politiques aux interrogations. Ce n’est pas avec des envolées lyriques sur « le plus grand dénominateur, c’est l’insoumission » ou « l’enjeu des luttes des classes, ce n’est pas la richesse, c’est la conscience » que l’on avance sur les moyens de renverser le rapport de forces par rapport au Medef, d’établir un contrôle du monde du travail et de la population sur le fonctionnement et les choix des entreprises, ou de rompre avec les politiques d’austérité et de répression au niveau européen. Elle est bien loin la campagne de 2012 : la posture d’homme providentiel qui avait alors enclenché une dynamique militante, n’est plus d’actualité car nombre de ces militantEs attendent autre chose après l’expérience du mouvement contre la loi travail.

Au PCF, c’est quand qu’on va où ?

Le problème des militantEs et sympathisantEs du PCF, c’est que ce n’est pas l’orientation du PCF qui leur permet de répondre à ce problème. Car si Pierre Laurent, snobé par Mélenchon (qui a refusé de poser pour la photo avec lui ou d’être interviewé avec les autres candidats, ambiance...), déclare « L’heure est à la révolution politique » et « Les jours de la Ve République sont comptés, ce temps est inexorable » en faisant référence à Bernie Sanders, on ne peut que s’interroger sur les perspectives offertes... S’agit-il de soutenir Mélenchon, de rallier Montebourg, de présenter une candidature identitaire PCF ? Les hypothèses Hamon et Duflot ne sont là que pour élargir le champ, sans que personne ne les envisage comme de possibles candidatures de convergence.

« La majorité sociale existe dans le pays. (…) Tous ceux qui participent aux mouvements et, plus largement, tous ceux qui les soutiennent, veulent la victoire de la gauche en 2017, pas celle de la droite », poursuit Pierre Laurent. Effectivement la préoccupation principale de la direction du PCF, c’est que derrière les présidentielles il y a des législatives « tout aussi importantes », car la préservation d’un groupe parlementaire reste une enjeu de taille pour le PCF.

Pourtant, ce qui est commun à tous les discours, candidatEs ou non, c’est ce grand absent : le mouvement. Même lorsqu’il est cité, ce n’est qu’avec la préoccupation de le « transformer en majorité politique », pas du tout de l’envisager comme acteur et moyen du combat pour la transformation de la société. Et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le débat avec les dirigeants syndicalistes a fait le plein, comme d’ailleurs de nombreux débats dans les stands locaux qui exprimaient aussi la détermination à reprendre le chemin des luttes ou à faire face à la répression.

Discussions partout, perspective nulle part ?

Ambiance un peu lourde et signe des temps, le service d’ordre, renforcé par 300 flics et 500 militantEs, était toujours assuré à l’entrée par des équipes de boîtes privées. Mais quoi qu’il en soit, cette fête reste très populaire, avec notamment nombre de militantEs et sympathisantEs de la gauche cherchant à discuter sans cacher leur désarroi, et sans sectarisme à l’égard du NPA, bien au contraire. Il y avait aussi beaucoup de jeunes venus pour faire la fête, tout en étant assez écœurés par la politique.

Preuve qu’un mouvement est passé par là, les stands étaient décorés par des slogans plus politiques que les années précédentes, en général anti-gouvernement / PS et anti-austérité.

Soulignons enfin le silence total de l’Humanité sur la présence du NPA et de LO, ainsi que de leurs dirigeantEs. Ce n’est visiblement pas leur souci. Pour preuve, seul le débat organisé par Ensemble autour de la rentrée sociale et politique a permis au NPA, représenté par Christine Poupin, de débattre avec des représentantEs d’autres organisations... en l’absence de la représentante du PCF qui n’est jamais arrivée !

En bref, toujours une grande fête, mais avec des débats sans grand lendemain, à l’image des contradictions qui continuent à secouer le PCF.

Cathy Billard