Publié le Vendredi 16 octobre 2015 à 08h30.

Front de gauche : Additions et divisions

Le 6 décembre prochain aura lieu le premier tour des élections régionales. Malgré l’unité affichée du Front de gauche, ces élections illustrent une fois de plus les divergences stratégiques de ses deux principales composantes.

Après de nombreuses discussions, blocages en tout genre et petites phrases cinglantes, le Front de gauche affiche aujourd’hui une certaine unité pour les prochaines régionales. Et les divergences entre les différentes composantes de la coalition sont mises de côté... en tout cas au moins jusqu’au soir du premier tour !

En effet, pour le premier tour, le Front de gauche sera bien uni dans onze des treize nouvelles régions, et a même réussi ici ou là à élargir le « front » avec le MRC, la Nouvelle Gauche socialiste ou Nouvelle Donne. Mais aussi, dans deux régions, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Languedoc-­Roussillon-Midi-Pyrénées, avec Europe écologie-les Verts. Mais cette belle unité n’a pas été sans difficultés : dans deux régions (Nord et Auvergne-Rhône-Alpes), les divergences concernant entre autres le non-cumul des mandats et la stratégie à mener face à un FN en position de force n’ont pas été surmontées, le Front de gauche y partira donc en ordre dispersé, c’est-à-dire divisé...

Depuis la fin de la campagne présidentielle de 2012, les divergences entre les deux principales composantes du Front de gauche se sont faites de plus en plus criantes concernant en particulier leur rapport au Parti socialiste. Dans toutes les régions, les difficultés ont donc été nombreuses : d’un côté, le Parti de gauche qui prônait partout où cela était possible des alliances avec EÉLV afin de constituer « l’opposition de gauche » avec un axe fort anti-gouvernemental, anti-PS ; de l’autre côté, le PCF qui fait de la fusion au second tour avec le PS un préalable... Mais désormais, toutes ces petites tracasseries semblent oubliées, le Front de gauche est dans les starting-blocks.

Un rassemblement, avec qui et pour quoi faire ?

C’est sans aucun doute la région Île-de-France qui est le symbole à la fois de cette unité de façade et des divergences de stratégie. Rappelons que les différentes composantes du Front de gauche siégeaient jusqu’à présent dans deux groupes régionaux différents : un dans la majorité régionale PS (PCF et ex-GU), et l’autre non (PG et ex-Alternatifs). Au terme de négociations on l’imagine laborieuses, le secrétaire national du PCF sera, comme en 2010, tête de liste, affirmant qu’il ne cumulera pas de mandats : « Je ne cumulerai pas, je choisirai si je siège au conseil régional en fonction des résultats »...

En échange, ses principaux ­détracteurs, Éric Coquerel du PG et Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, obtiennent respectivement la tête de liste de Paris et de Seine-Saint-Denis. Selon Éric Coquerel, « Nous avons obtenu une représentativité satisfaisante pour ne pas avoir l’impression de partir derrière une force. » Mais ce dernier n’est pas tout à fait satisfait puisqu’il continue de revendiquer la tête de liste dans le Val-d’Oise qui devrait être donnée à une « personnalité d’ouverture »...

Quant à savoir ce qui sera fait au second tour – union ou pas avec le PS – les candidatEs ne veulent pas encore envisager la question au cas où ils ne parviendraient pas à recueillir les 10 % nécessaires pour se maintenir. Mais pour Pierre Laurent tout de même, même si « On n’en est pas là, on devra trouver un accord ». C’est sans doute pour cela qu’il tempère le discours anti-PS de ses colistiers et indique que « Sans unité, sans rassemblement, ces combats sont impossibles, je ne me suis jamais résolu à la désunion ». Bref, sur le fond, rien n’est réglé...

Sandra Demarcq