Marine Le Pen a donc récolté le succès annoncé pour son parti, les fruits pourris de la politique anti-ouvrière et réactionnaire du gouvernement Hollande-Valls. Avec 27,92 % des voix, en tête dans 6 régions, le FN devient le premier parti de ce pays sur le plan électoral...
Ces étranges élections, qui se sont déroulées dans un climat dominé par les suites des attentats de Paris, l’état d’urgence, l’offensive sécuritaire et militariste du gouvernement, la guerre sur fond d’austérité et de montée du chômage, sanctionnent la gauche comme la droite.
Gauche et droite rejetées
Cette sanction est double : l’abstention et le vote FN. Un électeur sur deux n’a pas jugé utile de se déplacer pour aller voter parce qu’ils n’attendent plus rien d’un système politique où ils ne sont pas représentés. Pourtant, droite comme gauche avaient multiplié les appels pressants à voter pour faire obstacle au FN. Ils n’ont fait que l’aider, tant ils sont déconsidérés, tant ils n’ont rien à répondre au mécontentement et au ras-le-bol suscités par leur politique. Ces partis qui, depuis près de 40 ans, se succèdent au pouvoir pour organiser la régression sociale, l’offensive contre le monde du travail et les classes populaires pour le plus grand profit du patronat et des banques sont disqualifiés. Ils ont préparé le terrain du succès du FN en reprenant à leur compte la même démagogie.
Hollande et Valls responsables
Le gouvernement Hollande-Valls porte une lourde responsabilité de par la politique au service du patronat qu’il mène depuis qu’ils sont au pouvoir, de par la fuite en avant réactionnaire et antidémocratique qui a été la leur au lendemain des attentats des terroristes islamistes. L’état d’urgence, la guerre, la campagne xénophobe, contre les musulmans orchestrés par le gouvernement, contre les migrants ont été autant d’arguments pour le vote Le Pen. Hollande et Valls ont repris à leur compte la politique sécuritaire du FN.
Une menace pour toute la population
Il est dangereux de croire que la politique défendue par Le Pen répond aux besoins des classes populaires, à leur mécontentement. Comme Les Républicains ou le PS, le FN ne rêve que d’accéder au pouvoir pour servir les intérêts des classes dominantes. En pire, plus brutalement pour accentuer l’exploitation, diviser les travailleurEs, alors que la crise du capitalisme perdure et s’approfondit.Sa démagogie xénophobe et raciste vise directement l’ensemble du monde du travail. Quand Le Pen ose dénoncer le risque de voir « la charia remplacer notre Constitution », elle n’y croit pas un instant, mais flatte les peurs pour désigner les musulmans, tous les immigrés, les salariéEs d’origine étrangère, à la vindicte populaire pour mieux servir sa classe, les riches et les possédants, le patronat. En voulant aggraver la politique sécuritaire et militariste que mène le PS, en développant une propagande raciste, le FN ne fait qu’aggraver les tensions, le chaos. Loin d’apporter une réponse au fondamentalisme religieux, sa démagogie le nourrit : ils sont les uns comme les autres nos pires ennemis.
Construire la réponse des travailleurs
Au second tour de ces élections, aucune liste ne représente les classes populaires. La droite dispute la première place au FN sur le même terrain. Quant au PS, il espère sauver la mise en prenant la pose du parti le plus anti-FN, sacrifiant ses listes en PACA, dans le Nord au profit de la droite qui, elle, ne veut « ni fusion ni retrait »! Et Cambadelis, son dirigeant, appelle à voter pour le candidat des Républicains dans l’Est contre le candidat socialiste qui refuse de se retirer. Quelle déroute ! Cette gauche politicienne ne représente plus en rien les classes populaires. Elle ne tire aucune conclusion de son effondrement : le gouvernement entend bien poursuivre et accentuer sa politique qui a fait le lit du FN.Conjurer la menace que représente l’extrême droite ne se fera pas sur le terrain électoral, mais en combattant la politique dont il se nourrit pour défendre nos droits sociaux et démocratiques, par nos luttes et nos mobilisations, sur le terrain social et politique. C’est rassembler toutes celles et ceux qui, au sein du monde du travail et de la jeunesse, refusent l’austérité et le chômage, l’état d’urgence et la guerre, le racisme et la xénophobie. De ce point de vue, les listes présentées par Lutte ouvrière – pour lesquelles le NPA a appelé à voter – réalisent des scores entre 1 et 2 %, qui attestent de l’existence dans ce pays d’un courant certes très minoritaire mais qui pourra compter demain.La victoire du FN, c’est d’abord l’effondrement des partis de la régression sociale, Les Républicains et le PS. Elle représente une menace mais si nous savons entendre l’avertissement pour nous rassembler, unir nos forces afin de reprendre l’offensive, alors l’espoir pourrait changer de camp.
Yvan Lemaitre