Publié le Jeudi 4 mars 2010 à 18h52.

La campagne en Aquitaine

Entretien avec Sylvain Jousse, tête de liste NPA en Dordogne.Quel est ton itinéraire politique ? J’ai passé mon adolescence dans les milieux libertaires puis je suis devenu plus socialiste au sens primaire du terme (pas PS). J’ai aussi milité à SUD. Quand le NPA s’est créé, j’ai été fasciné qu’un parti se saborde pour tout donner à quelque chose dont il ne savait pas ce que cela deviendrait. En 2004, la gauche promettait de faire des régions des pôles de résistance à l’offensive libérale de la droite. Le résultat n’est pas spectaculaire, mais peut-on faire mieux ?On ne peut pas dire qu’ils n’ont rien fait, mais il est possible de mieux faire. Par exemple en arrêtant d’aider les grosses boîtes en restructuration qui ensuite délocalisent. Il vaut mieux aider les PME-PMI qui représentent plus d’employés. Ne jamais donner d’argent sans contrepartie (garanti sur les salaires, l’emploi, conditions de vie). L’argent public doit aller en priorité au service public, contrairement à ce que font les régions de gauche qui subventionnent l’enseignement privé au-delà de ce que la loi impose. On peut aussi avoir une influence sur les grands projets comme le tracé de la Ligne grande vitesse (LGV), empêcher qu’il passe en plein milieu du parc écologique des Landes. Mieux vaut améliorer les voies existantes.Enfin, un bras de fer entre les régions et le national est inévitable (voir la taxe professionnelle), si on veut que les régions gardent les moyens d’exercer des choix politiques. Si tu es élu, as-tu peur d’entrer dans un monde où l’on se sent tellement important d’œuvrer au bien commun que l’on finit par considérer que la politique est bien trop compliquée pour le peuple ?Posé comme ça, non. La crainte c’est de se retrouver dans la politique politicienne, d’être tenu en dehors des informations, des décisions, d’avoir les moyens de comprendre. Qu’est-ce qui pourrait faire que la Dordogne devienne vraiment accueillante ?Dans un département vaste et peu peuplé comme la Dordogne, il faut développer les transports publics de proximité dans un rayon de 20 km autour des villes. Avancer la gratuité pour les petits revenus. Le transport est une servitude imposée au salarié qui doit être payé par l’entreprise. Il faut arrêter de faire des activités purement touristiques, c’est le pays lui-même qui doit être attractif. Nous devons le trouver beau nous-mêmes, ce qui implique une vigilance sur l’aménagement du territoire, développer une culture locale. Pour ma part je regrette la perte de l’occitan. Le contre-exemple c’est la vente des terrains classés Seveso de la SNPE, qui sont très recherchés par les entreprises polluantes.Comment rendre la solidarité plus désirable que la concurrence, l’équilibre écologique plus souhaitable que la croissance ? Tant que les enfants sont à l’école, ils sont sociabilisés. Après on se retrouve seul dans une société qui encourage l’individualisme et la concurrence. Quand on pense à ce qu’on fait de la télévision !Il faut défendre ce qu’il reste de solidarité, par exemple la Sécurité sociale, les services publics, la retraite par répartition. Le but de l’État est que personne ne touche une retraite à taux plein, pour encourager les fonds de pension qui sont la négation de la solidarité. De plus, l’État fait des cadeaux sur les cotisations, c’est-à-dire avec de l’argent qui ne lui appartient pas. Sans chômage, il n’y aurait pas de problème de retraite. Le chômage est le levier de l’individualisme, on crée une tension sur le marché du travail pour pousser les gens à se battre pour le travail. Peux-tu citer un auteur qui a été important pour toi sur le plan politique ?Louis Lecoin avec son livre Ma vie. C’était un pacifiste libertaire qui s’est battu pour le statut d’objecteur de conscience.Interview réalisée par Harry Sagot pour France-Bleu Périgord, écoutable sur : sites.radiofrance.fr/chaines/france-bleu/?tag=perigord