Dans l’éducation nationale, la réforme des retraites a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder un vase plein des réformes structurelles en cours de l’école primaire à l’université. Dans les lycées, la mobilisation massive des enseignantEs a toujours mis en avant à la fois le refus d’une retraite à points et le refus du bac Blanquer.
Les nouvelles épreuves du bac n’ont plus lieu au seul mois de juin de l’année de terminale, mais en contrôle continu (les E3C), qui ont lieu en janvier et avril des années de première et terminale. Les épreuves sont choisies et corrigées localement, rompant avec le caractère national de l’examen. Ceci entérine l’importance de l’établissement d’origine dans la poursuite d’études supérieures : le calendrier de ces épreuves permet que les notes fassent partie du dossier ParcourSup.
Blanquer, ministre autoritaire : on ne veut pas bosser pour toi
Cette réforme majeure a été précipitée par le ministre pour qu’elle soit accomplie avant la fin du mandat de Macron, alors que le conseil supérieur de l’éducation (CSE) a massivement voté contre. Les enseignantEs, les parents et les élèves ont alerté des dangers de cette réforme. Mais il en faut plus pour faire infléchir notre ministre. « Nous sommes prêts » a-t-il affirmé le 15 novembre et, tel le Titanic, il a poursuivi sa route.
Il faut prendre la mesure des actions inédites des enseignantEs : dépôts et jets de manuels scolaires (rendus obsolètes par les nouveaux programmes) devant les rectorats (à Clermont-Ferrand, à Caen) ; inspections académiques murées dans la nuit (à Alès) ; envahissement des rectorats (à Paris, à Grenoble) ; perturbation du Salon PostBac (à Paris) forçant Valérie Pécresse et Frédérique Vidal à fuir. Ces actions ne sont pas le fait d’une « minorité radicalisée », mais au contraire du sentiment d’abandon généralisé des enseignantEs et de l’absence totale d’écoute de notre ministre. Si les grèves des enseignantEs des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand (à Paris) ont fait parler d’elles, c’est avant tout parce que ce qui apparait comme la partie la plus privilégiée est elle-même mise à mal par cette réforme inique.
Blanquer : démission !
Devant l’absence totale de réponse, les enseignantEs et les élèves ont décidé d’empêcher la tenue des E3C. Dès samedi 18 janvier dans un lycée de Clermont-Ferrand. Et en réponse à Blanquer, qui déclarait le lendemain qu’il « y aura des poursuites », les grévistes n’ont pas faibli. Le lundi 20, une vingtaine de lycées étaient bloqués contre la tenue de ces épreuves (à Lyon, Paris, en Seine-et-Marne, en Seine-Saint-Denis, dans le Tarn-et-Garonne et en Normandie). Et la liste continuait de s’allonger.
La force des mobilisations dans l’éducation nationale est de combiner manifestations massives et actions d’éclat. Il est essentiel de continuer à coordonner notre résistance. Nos mots d’ordre sont clairs : ni retraite à points ni bac en carton. Les personnels de l’éducation souhaitent que Blanquer et ses réformes dégagent immédiatement. Nous saurons nous faire entendre, par tous les moyens nécessaires.