La liste « À gauche maintenant » a réuni NPA, Front de gauche, Objecteurs de croissance, Fase, Alternatifs, et Mpe'p. Conduite par René Revol (PG) avec deux autres porte-parole, François Liberti (PCF) et David Hermet (NPA), elle a réalisé 8,59 %, derrière Europe Écologie (9,12 %) mais devant la liste investie officiellement par le PS (7,74 %). La politique et les déclarations de Georges Frèche avaient poussé le PCF (sauf quatre élus dont Gayssot) à rompre avec lui. Cependant, le rassemblement de la gauche de la gauche, sur un contenu programmatique clair et sans accord de premier tour avec Europe Écologie ou une partie du PS, n’était pas le scénario unique. À plusieurs reprises, le NPA aurait pu se saisir de certaines déclarations du Front de gauche ou même de la rupture d’un préaccord pour justifier sa présentation autonome. Le NPA de Languedoc-Roussillon a au contraire choisi de poursuivre les discussions, en rendant compte publiquement. Ces longues discussions sur le profil de la liste et son programme ont été utiles car elles ont au final débouché sur un accord solide, vérifié tout au long de la campagne. Une dynamique militante s’est créée et la liste « À gauche maintenant » a été la seule à mener une campagne de terrain, avec notamment près de 300 réunions publiques sur la région. Elle a multiplié les rencontres avec les salariés, les collectifs de défense des hôpitaux publics de proximité, mais aussi les agriculteurs, ostréiculteurs, pêcheurs, activités toutes menacées par la mondialisation capitaliste et la politique d’adaptation à celle-ci menée par la région. Dans certains cas, l’action de notre liste a permis de médiatiser des conflits sociaux en cours comme à côté d’Alès : patron voyou subventionné par la région qui a laissé ses salariés sur le carreau et un désastre écologique. Elle a aussi menée une journée d’action dans toute la région pour la gratuité des TER. La liste a articulé dénonciation de la politique gouvernementale, critique de la politique menée par la majorité sortante et mesures concrètes pour une région vraiment à gauche. Elle a proposé par exemple d’arrêter les subventions aux entreprises capitalistes pour pouvoir développer les services publics, aider à la reprise des entreprises sous forme de coopératives autogérées, favoriser l’agriculture de proximité et les circuits courts de commercialisation… Au final, nous récoltons un assez bon score mais sommes dans l'impossibilité de participer au second tour où vont s'affronter une liste FN, une liste UMP et une liste conduite par une personnalité disqualifiée pour représenter la gauche. La direction nationale du PS a évidemment une responsabilité. Elle a brouillé les cartes en présentant une liste au dernier moment, alors que Martine Aubry avait déclaré que si elle était en Languedoc-Roussillon, elle voterait Frèche. Du coup, celui-ci, qui a conservé le soutien du PS régional et de la majorité de ses élus, n'a pas eu besoin de faire campagne. Il s'est présenté comme victime des « bobos » et des « Parisiens », ce qui en Languedoc-Roussillon permet de ratisser large, à gauche et à droite. L’électorat de droite a d’ailleurs été également largement séduit par sa politique et ses provocations. La liste PS a aussi contribué à une dispersion des voix de gauche, conduisant les deux listes de gauche qui étaient en campagne depuis longtemps (Europe Écologie et « À gauche maintenant ») à un score de peu inférieur à 10 %. L’absence de la gauche le 21 mars constitue évidemment une déception, mais toutes les composantes de la liste s’accordent pour dire que la campagne a été réussie et qu’il est nécessaire de continuer à agir ensemble en Languedoc-Roussillon.