Publié le Mercredi 23 décembre 2015 à 09h38.

L’arnaqueur

La nouvelle a fait avec beaucoup de complaisance la une des médias du week-end, en particulier celle du Journal du dimanche dans lequel il a donné une interview : Bernard Tapie revient en politique ! Non vous ne rêvez pas, et a priori, malgré de douces températures, nous ne sommes pas le 1er avril. Son retour est évidemment pour la bonne cause puisque, si Bernard Tapie revient en politique, c’est parce que le devoir l’appelle. Il a entendu le « signal d’alarme » des régionales et  propose donc de mettre ses « compétences » au service du pays pour faire reculer le FN, comme il l’a fait aux élections européennes de 1994... Rien que ça !

L’acteur, chanteur, businessman, éphémère ministre de la Ville sous Mitterrand, et ami de Sarkozy, est bien le symbole de l’affairisme des « années fric » et de la conversion de la gauche au culte de la Bourse et des entrepreneurs licencieurs. Ces dernière années, Tapie est surtout connu par l’affaire politico-judiciaire Adidas. Il vient même d’être condamné début décembre à rembourser plus de 404 millions d’euros qui lui avaient été gracieusement donnés en 2008 par le gouvernement de son ami Sarkozy. Mais ce n’est pas tout puisqu’il a aussi été mis en examen pour escroquerie en bande organisée et a même été condamné d’une peine de prison ferme. Mais de ce curriculum, il ne semble en avoir cure et veut apparaître comme un rempart au Front national, un nouveau Monsieur Propre !Cela ne vous rappelle personne ? En juillet 2014, Sarkozy déjà nous faisait le même coup. Quelques heures à peine après sa mise en examen pour « corruption active » et « trafic d’influence » dans une de ses nombreuses « affaires », il officialisait son come-back politique. C’était « un devoir » et lui seul pouvait faire reculer le FN. Le résultats des dernières régionales lui sera cruel...

Un épisode qui montre une fois encore que toutes les leçons des régionales n’ont pas été tirées, en particulier le profond rejet, ici comme de l’autre côté des Pyrénées dans l’état espagnol, d’un personnel politique – de gauche comme de droite – totalement discrédité tant par les politiques qu’il mène que par les affaires qu’il traîne...

Sandra Demarcq