Si les nécros sur Nanar évoquent souvent à la fois les bons et mauvais côtés du personnage, il n’en ressort pas moins que Tapie aurait été un héros de notre temps.
En réalité, il fut d’abord un prédateur d’industrie achetant à vil prix des entreprises (le franc symbolique des entreprises en faillite) en difficulté, leur permettant de repartir à cloche-pied pour les revendre avec d’incroyables plus-values. Moyennant de Wonder à Manufrance en passant par Terraillon ou Testut des centaines de licenciements. Des licenciéEs qui n’avaient probablement pas le profil de gagneur de leur patron-truand.
Côté sport, flattant le pire du « supporterisme » à Marseille, c’est l’étalage du fric et la tricherie avec l’achat de « faiblesses » des adversaires qui en ont fait un homme de son époque, de cette époque.
Mais le plus grave, ce sont les connivences dont a bénéficié ce truand de la part des principaux dirigeants politiques de Mitterrand à Hollande en passant par Sarkozy, Borloo, Lagarde et Taubira pour s’affranchir des lois de la République et permettre ses plus louches affaires. Sans oublier les marche-pieds offerts par les médias, non seulement Paris-Match, le Journal du dimanche ou BFM-TV, mais aussi France Inter et Bernard Pivot l’accueillant, déjà à l’époque, à « Apostrophes ».
Un panel politique qui ne saurait faire de lui un anti-Le Pen puisque c’est bien dans ce marigot politique, financier qu’a prospéré et prospère toujours l’extrême droite.
Des connivences qui lui auront notamment permis à la fois d’échapper, en partie, à la justice et d’apparaître en victime du Crédit Lyonnais, banque à l’époque nationalisée, au moment de l’affaire Adidas.
Son bilan est la somme des turpitudes que lui a permis une époque où le fric facile fait face à l’accroissement de la misère, du chômage. Une époque où la « gauche », de Mitterrand à Hollande en passant par Bérégovoy, Hollande ou l’autre vedette de gauche, Yves Montand, devenu bateleur du « Vive la crise », a largement contribué à déconsidérer toute alternative à un système capitaliste pourrissant.
Pas étonnant dans cette ambiance qu’hommes et femmes politiques et médias ne puissent s’empêcher de mettre en avant, une dernière fois, un bon côté de ce truand. Pour faire croire qu’ils sont près du peuple, un Roussel encense « un président de l’OM remarquable » et Ian Brossat explique que Tapie a dit des choses justes sur le communisme municipal. Pour les autres, d’Estrosi (« Un véritable phœnix ») à l’élue de Marseille Samia Ghali (« Bernard Tapie fait partie des personnes que l’on a envie de rendre immortelles ») chacun et chacune rend hommage à l’énergie, au courage. Des hommages à l’opposé complet de ce que mérite le personnage : le mépris et l’oubli.