Publié le Mercredi 6 novembre 2019 à 12h07.

L’art d’être grand-père

Macron tend à délaisser les rencontres « citoyennes » devenues, malgré des environnements sécuritaires hors du commun, quelque peu houleuses. C’est donc dans Valeurs actuelles, hebdomadaire d’extrême droite, misogyne, climato-sceptique, et déjà condamné pour incitation à la haine raciale, qu’il défend sa politique anti-migrantEs. Et dans le salon feutré de l’Airbus présidentiel, qu’il affirme, au micro de RTL : « Je ferai tout pour qu’il n’y ait pas ces blocages, je ferai tout pour qu’on soit en soutien de nos compatriotes qui seraient bloqués, mais je n’aurai aucune forme de faiblesse ou de complaisance ».

À l’approche de la journée de mobilisation interprofessionnelle du 5 décembre pour laquelle se multiplient les appels, avec une volonté largement partagée de prolonger cette journée, le pouvoir affirme sa volonté de passer en force comme cela lui a réussi pour la loi travail de « gauche », puis la réforme du Code du travail et du statut de la SNCF. En force au figuré, avec les ordonnances, et au propre, avec une répression inédite, notamment contre les Giles jaunes.

Talonné dans les sondages par Le Pen, Macron tente de capter une partie de son électorat, ainsi que de celui de la droite dite « républicaine », en revenant une fois plus avec des lois anti-migrantEs.

Face à la montée des colères sociales, il cherche à diviser. D’abord avec une stigmatisation des « privilégiéEs » dont il cherche malgré tout à freiner la mobilisation. Ensuite par un écrasement des droits des chômeurEs visant, comme le lapsus de Pénicaud l’avait énoncé, à développer la précarité. Enfin, après le vrai-faux débat sur l’âge pivot, avec désormais la « clause du grand-père », grâce à laquelle seulEs les nouveaux et nouvelles embauchéEs seraient impactés dans certains régimes, soit de façon plus globale. 

Autant de tentatives visant à fractionner la mobilisation sociale en construction, en s’appuyant éventuellement sur les organisations syndicales qui s’inscrivent dans la logique du régime par points. Autant de raisons de construire dès maintenant les cadres unitaires qui donneront aux travailleurEs les outils pour s’approprier leur mobilisation à partir du 5 décembre et après.

Robert Pelletier