Publié le Mercredi 9 juin 2021 à 14h07.

Les assassins de Clément Méric condamnés en appel

Le procès en appel des assassins de Clément Méric s’est achevé le 4 juin, à la veille de la manifestation parisienne en hommage à Clément et à ses combats. Nous publions des extraits du compte rendu du dernier jour d’audience, réalisé par nos camarades de La Horde 1.

Esteban Morillo et Samuel Dufour ont été reconnus coupables de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec deux circonstances aggravantes : la réunion et l’usage d’une arme. ChacunE jugera de la pertinence de leur peine (huit ans d’emprisonnement pour Morillo, cinq pour Dufour) : pour les proches de Clément, l’essentiel pour sa mémoire, c’était la reconnaissance des faits.

« Deux choses ont tué dans ce dossier »

« Nous ne sommes pas là pour demander vengeance. » C’est ainsi que Michel Tubiana, l’un des avocats des parties civiles, avait commencé sa plaidoirie, exprimant ainsi ce que la famille et les proches de Clément ont toujours dit. Mais s’il n’y avait pas de désir de « faire payer », il y avait celui de faire reconnaitre la vérité.
En persistant dans le déni, en réfutant le lien entre leurs convictions d’extrême droite et la violence qui a conduit à la mort de Clément, les accusés ont refusé à sa famille la possibilité de comprendre ce qui les a poussés à s’organiser, à s’armer pour attaquer avec des renforts un groupe qui ne donnait aucun signe d’agressivité, en prétextant des menaces que personne n’a entendu, sauf eux. « Deux choses ont tué dans ce dossier : la violence et certaines idées » a précisé Joseph Hazan, avocat de la famille de Clément.
Les accusés ont cherché par la suite à se mettre d’accord et dissimuler les preuves aussi bien lors de leur premier arrêt dans un café de la rue de Mogador que plus tard dans la soirée, au Local, le bar de Serge Ayoub avec qui ils discutent jusqu’au milieu de la nuit. Ils ont ensuite imaginé la fable dans laquelle les rôles s’inversent, où les néonazis sont de pauvres petites choses fragiles livrées à la vindicte de farouches antifas, alors que toutes les preuves présentées au procès (les armes, les SMS, les témoins, la vidéosurveillance…) ont démontré le contraire.

« Machine à fantasmes »

Les avocats de la défense, Jérôme Triomphe et Grégoire Etrillard, ont tenté d’alimenter la « machine à fantasmes » comme le dit Tubiana, en allant chercher au début du 20e siècle ou plusieurs années après la mort de Clément des exemples de violence anti­fasciste, pour faire oublier la violence au moment des faits et qui est tout entière du fait de leurs clients, et la violence de l’extrême droite en général. Ils ont aussi, tout au long du procès, invoqué comme un mantra un complot politico-médiatique qui aurait mis sous influence l’ensemble des témoins, tous victimes d’hallucinations collectives (il a pourtant été démontré que les médias ont souvent chargé Clément et ses amis, au mépris de la vérité).
« Je me suis demandé ce qu’aurait pensé Clément Méric de ce procès » s’interroge Cosima Ouhioun, avocate de la famille de Clément. On ne le saura jamais : mais parce qu’il était fort dans ses convictions, il aurait été frappé par la lâcheté des accusés, incapables d’assumer la moindre responsabilité ; parce qu’il était caustique, il aurait su moquer la pantomime d’Etrillard et les outrances de Triomphe. C’est l’image qu’on gardera de lui à jamais : celle d’un garçon engagé, drôle, sensible et courageux.
1 – Voir l’intégralité des compte rendus sur lahorde.samizdat.net