La réunion de Marseille, qui a réuni des têtes d’affiche socialistes, Vertes et Modem comme la décision d’aller vers des « primaires ouvertes », accélère encore l’urgence d’un positionnement unitaire, clair et efficace des partis qui se réclament de l’anticapitalisme.
La position du NPA n’a pas varié depuis le mois de juin, en faveur d’une unité durable de ces forces, ancrée dans les luttes et contribuant à affaiblir Sarkozy et le Medef, clairement indépendante du PS. Celle du PC apparaît hésitante et, il faut bien le dire, préoccupante quand on lit, sous la plume d’Olivier Dartigolles, que le parti est ouvert « aussi bien au NPA qu’au PS ».
Jean-Luc Mélenchon paraît lui aussi hésiter désormais, en partie sur les positions actées en juin par le PG. Il s’en est pris, sans raison, à une supposée fermeture du NPA et, surtout, semble peu enclin à reprendre certains éléments qui, en juin, paraissaient acquis, mais qui, bien entendu, posaient et poseront problème au PCF.
Dans un entretien à l’Humanité, il se déclare en faveur d’une unité durable, laquelle, au-delà des Régionales, irait jusqu’à la Présidentielle et les Législatives de 2012. Sur le principe de la durabilité, il rejoint ainsi une préoccupation constante émise par le NPA dès janvier dernier, et on ne peut que s’en féliciter. En revanche, les bases sur lesquelles se bâtirait ce front sont pour l’instant singulièrement abstraites : répartition des richesses, programmation sociale et écologique, refondation républicaine, une seule étant nette, la sortie du traité de Lisbonne. Peut-être que les groupes de travail décidés en commun permettront de clarifier les contenus effectifs, mais on voit mal comment on pourrait ne pas discuter de la constitution d’un service public bancaire unique, du niveau des revenus (avec un SMIC à 1500 net), de l’interdiction des licenciements, de celle du nucléaire, de la régularisation de tous les sans papiers…
Surtout, un tel front aurait peu de vertus s’il n’était qu’un simple regroupement électoral. Si l’unité n’est pas ancrée dans les luttes, elle sera difficile à construire. Dans ce cadre, devrait être affirmée la volonté de contribuer à bâtir, avec tout le mouvement social, une mobilisation d’ensemble, comme le LKP en a donné l'exemple.
Au niveau purement électoral, des questions se posent, au regard des dernières déclarations du fondateur du PG. Rejette t-il toujours fermement des listes à géométrie variable ? Ou envisage-t-il des choix différenciés, en particulier selon ceux du PC ? Fait-il toujours de la présence du Modem, au premier ou au second tour, un motif de rupture ? Le PG ira-t-il dans les exécutifs sous direction socialiste (pour le coup, cette dernière question n’est pas nouvelle, mais il faudra bien la trancher) ?
Mélenchon affirme que l’évolution du PS rend plus nécessaire encore le regroupement de « l’autre gauche ». C’est ce que nous disons avec nos termes, quand nous nous battons pour une unité durable, dans les luttes et les urnes. Mais à quoi servirait celle-ci si, en définitive, elle finissait dans les bras d’un PS, qui plus est converti au centre-gauche ? L’indépendance vis-à-vis de ce parti n’est pas une tocade du NPA : c’est la condition même de la possibilité que le peuple de gauche et les travailleurs disposent d’une alternative fiable, crédible, durable.
Assia Béagrid