La « refondation » n’aura pas fait illusion plus de quelques mois. A peine les élections régionales passées, Les Républicains ont ressuscité tous les vieux démons de l’UMP. La seule différence est qu’ils sont encore plus divisés qu’à l’époque de l’affrontement sanglant entre Copé et Fillon, il y a maintenant trois ans.
Car la bataille des primaires de novembre 2016, qui désigneront un candidat à l’élection présidentielle ayant de fortes chances de l’emporter, est déjà engagée. Par-delà les petites phrases et autres manœuvres, les divisions recouvrent deux aspects. Le premier est bien sûr celui des ambitions personnelles, toujours aussi foisonnantes. Mais il y a aussi des clivages politiques, qui, comme précédemment, s’opèrent sous la pression du FN, avec pour différence que celle-ci ne cesse de croître, un secteur significatif de l’électorat de droite s’étant cette fois tourné vers le parti de Marine Le Pen.
Alors que Kosciusko-Morizet et Raffarin, partisans du « front républicain » lors des élections et de formes de collaboration avec le gouvernement PS, restent très minoritaires, deux grands projets continuent de s’affronter.
En point de mire 2017
Dans cette campagne, Sarkozy a fait du Buisson (son ancien conseiller d’extrême droite) sans Buisson. « Le vote FN n’est pas immoral », a-t-il ainsi déclaré entre les deux tours. Pour lui, contenir la montée du FN implique plus que jamais de « respecter » ses électeurs… et de reprendre une bonne partie de son programme. Les victoires en Rhône-Alpes Auvergne, Pays-de-la-Loire et Île-de-France de candidats LR incarnant « une droite qui s’assume », par opposition aux défaites ou scores plus faibles des têtes de liste de l’UDI, apporteraient la preuve du caractère « gagnant » de sa stratégie. Pour s’imposer, le président du parti compte sur une base militante qui est globalement plus à droite que son électorat – d’où ses velléités de limiter l’ampleur des primaires à venir.
De l’autre côté, avec entre eux une série de nuances (préconisations de politiques plus ou moins autoritaires, d’un néolibéralisme plus ou moins agressif, recherchant plus ou moins certaines formes de consensus dans le monde des appareils politiques et syndicaux), Juppé, Fillon et Lemaire incarnent davantage des orientations grand-bourgeoises traditionnelles. Pour eux, pas de concessions possibles envers un FN qui ne pourra être réduit qu’en le combattant de front, en mettant en évidence son « irresponsabilité », non seulement sur certaines questions dites sociales mais aussi, par-dessus tout, en ce qui concerne l’Union européenne et l’euro auxquels le capital français le plus concentré reste très fortement attaché. Quant à leur bilan des régionales, il met en avant un résultat global mitigé dû à un déficit ou à des errances de leadership, qui n’ont pu être partiellement compensés que grâce à « l’alliance de la droite et du centre ».
La vérité est que le résultat électoral ne valide ou n’invalide clairement aucune des deux interprétations. Les conditions sont donc plus que jamais réunies pour que les affrontements internes durent et s’approfondissent… avec en point de mire le Graal de la présidentielle de 2017.
Jean-Philippe Divès