Publié le Vendredi 24 septembre 2010 à 15h50.

L’État des riches…

Tout empressés à satisfaire servilement les exigences des agences de notation, Sarkozy et sa ministre de l’économie Christine Lagarde veulent ramener le déficit budgétaire de 8 % du produit intérieur brut aujourd’hui à 6 % en 2011. Cela « nécessitera de réduire de 40 milliards d’euros la dépense publique », a déclaré dans un entretien au Figaro, la semaine dernière, Christine Lagarde, à deux semaines de la présentation du budget 2011. Trouver 40 milliards ne serait pas trop difficile à condition de les chercher là où l’agent coule à flots : dans les profits des entreprises du CAC 40 qui ont quasiment doublé dans le premier semestre 2010 (soit 42 milliards d’euros), ou en refusant de payer les intérêts de la dette de l’État (un peu plus de 40 milliards d’euros,) en supprimant les subventions aux entreprises ou le bouclier fiscal, en augmentant l’impôt sur les grosses fortunes...

Toutes ces idées pourtant simples et efficaces ne viennent pas à l’esprit de Christine Lagarde. Le « grand coup de rabot » serait sans doute un peu trop fort pour ses amis. Elle préfère égratigner quelques niches fiscales en ménageant les riches, faire confiance à une hypothétique croissance et surtout faire payer les classes populaires par l’austérité et la rigueur. Comme l’État le fait aussi pour réaliser 2,5 milliards d’économies sur le dos des assurés de l’assurance maladie. Laurence Parisot se réjouit : « Il me semble que le gouvernement a compris qu’il fallait encourager les entreprises et que l’effort budgétaire devait se faire par un redéploiement qui en tout cas n’impacte pas les entreprises ». C’est clair et sans surprise. Pour le gouvernement, pas question de prendre sur les multiples cadeaux qu’il fait au patronat, aux financiers, aux riches. Il préfère augmenter les taxes ou en créer de nouvelles comme celles sur les abonnements Internet ou supprimer le maigre cadeau que l’État faisait aux jeunes mariés en leur permettant de payer un peu moins d’impôt ! Le mariage de l’État et des classes dominantes est lui, il faut dire, une solide alliance d’intérêts qui ne mérite que d’être combattue.

Yvan Lemaitre