Publié le Mercredi 14 mai 2014 à 22h53.

Leur campagne et la nôtre...

Nul besoin d’être prophète pour prévoir que le résultat des élections européennes sera l’expression d’un double rejet : d’abord celui du gouvernement PS-Medef et de sa politique, ensuite celui des partis institutionnels, d’une démocratie truquée. La grande majorité des électeurs n’ira pas voter car ils pensent que tout ce qu’on leur demande, c’est de donner par avance une légitimité à une politique qui leur est hostile, de signer un chèque en blanc aux grands partis qui ne font qu’exécuter les desiderata des banques et des multinationales, hors de tout contrôle et sans la moindre transparence.

Et en prime, PS, UMP, FN se payent la tête du client ! Le PS distribue des tracts dénonçant l’austérité, la concurrence et le dumping social, à croire qu’il n’est pas au gouvernement, alors que l’UMP s’agite pour faire oublier ses propres responsabilités dans les attaques engagées contre le monde du travail tant au niveau hexagonal qu’européen. Certains comme Guaino ou Wauquiez mettent tellement de zèle à rejeter leur propre politique qu’ils refusent d’appeler à voter pour les listes de leur parti ! Et le PS comme l’UMP agitent l’épouvantail du FN pour convaincre de voter pour eux, avec tant de zèle que ce dernier s’apprête à ramasser la mise en flattant les pires préjugés.

Pour nous, l’enjeu de cette campagne est tout autre, à l’opposé. Il est de contribuer à offrir une perspective à toutes celles et ceux qui rejettent tant la France capitaliste que l’Europe capitaliste comme les partis qui la servent. Le monde du travail ne doit pas s’abstenir de faire de la politique, de faire sa politique pour défendre ses propres intérêts, combattre l’austérité et le chômage, mettre les financiers et le grand patronat hors d’état de nuire. Nous défendons une perspective internationaliste parce que nous savons qu’il n’y a pas de réponse à la crise du capitalisme dans le cadre de l’Europe forteresse ou des frontières nationales, sans la solidarité et la coopération des travailleurs et des peuples par-delà les frontières. La droite et l’extrême droite, comme la gauche, nous disent défendre la France, voire, pour certains, dénoncent « l’Europe allemande ». Leur démagogie nationaliste voudrait étouffer la voix des classes exploitées qui sont les seules à pouvoir sortir la société de la régression sociale. Les luttes ignorent les frontières.

Yvan Lemaitre