Les soutiens à Macron venant du PS n’en finissent plus, sans compter les 300 éluEs PS qui lui ont accordé leur parrainage...
Mais ces soutiens issus majoritairement du PS viennent peu à peu déséquilibrer le candidat « ni de droite ni de gauche » qui se sent donc obligé de rappeler qu’il n’a « pas fondé une maison d’hôtes »... Du coup, il a presque dû suer à grosses gouttes quand Valls a officialisé sa rupture avec Hamon, refusant de le parrainer contrairement à ce qu’il avait dit après sa défaite aux primaires... Dans une tribune au JDD, l’ex-Premier ministre fustige le programme de Hamon : un programme « sectaire » ouvrant la voie à Le Pen... « C’est trahir le passé de ma famille politique. C’est surtout livrer la France à ceux qui préparent le pire des avenirs. »
Mais sur le fond, ce qui dérange Valls et les fervents supporters de Macron dans les rangs du PS, c’est que Hamon défende un programme de « gauche », social-démocrate, « à l’ancienne »...
Concurrence social-démocrate
C’est ce que le vainqueur de la primaire de la Belle alliance a fait devant 25 000 personnes à Bercy, dimanche dernier : « En temps de crise, la clarté est plus que jamais nécessaire. Nous avons trop manqué de clarté, nous la gauche. Nous avons trop cédé de terrain »... tout en défendant quelques pans du bilan de Hollande : la retraite à 60 ans pour les carrières longues, le tiers payant généralisé, les prétendus 60 000 postes dans l’Éducation, la loi Alur de Duflot ou encore la garantie jeunes...
Dans son discours pour une « France ouverte », Hamon a rappelé quelques-unes des mesures phares de son programme – récépissé pour les contrôles policiers, droit de vote des étrangers aux élections locales, création d’un nouveau corps d’inspection anti-discriminations... Des mesures souvent promises... et jamais mises en œuvre !
Sans jamais les nommer, il s’en est aussi pris à Le Pen, Fillon et Macron : « Le parti de l’argent a trop de candidats dans cette élection. Il a plusieurs noms, il a plusieurs visages, il a même plusieurs partis. L’un nous dit “enrichissez-vous !”. Les deux autres pensent : “enrichissez-nous !” », oubliant au passage le rôle du PS, principal responsable de cet état des lieux inquiétant...
La veille, Mélenchon avait « marché pour la 6e République », une mobilisation tournée... autour de sa personne et du drapeau tricolore ! Désireux de reprendre enfin la main après la primaire de gauche et son résultat inattendu, il a défendu l’urgence de changer de République pour « ne pas laisser la monarchie présidentielle dans les mains d’apprentis sorciers ». Une contre-offensive sur les questions sociales et sur l’Union européenne assortie d’une bonne dose de souverainisme... sans appeler une seule fois à la mobilisation dans la rue mais seulement dans les urnes, le 23 avril prochain...
Pour une gauche anticapitaliste, la rupture...
Face à cette vieille gauche défendue en partage à la fois par Hamon et Mélenchon, nous pensons que pour défendre des revendications immédiates, il faut s’en prendre à la logique même du système. Il faut poser le problème de la rupture et donc de la confrontation. Car la répartition des richesses, l’incursion dans la propriété capitaliste et l’avancée vers une propriété publique et sociale, impliquent une confrontation avec les classes dominantes. Mettre au centre l’irruption des travailleurs sur la scène politique et sociale.
Il y a urgence à imposer d’autres politiques, qui passent par une rupture avec l’austérité, avec les politiques pro-patronales, avec l’Union européenne, avec le racisme qui gangrène toute la société, avec le productivisme qui accélère la catastrophe climatique. C’est pour cela que le NPA présente Philippe Poutou. Pas un politicien professionnel, un énarque ou un banquier... Un ouvrier qui entend apporter une autre voix dans cette campagne et qui défendra l’urgence pour les classes populaires de construire leur propre représentation politique, de ne compter que sur leurs propres forces pour défendre leurs intérêts.
Sandra Demarcq