Ce sera donc Nathalie Loiseau. Le 26 mars, on apprenait que la désormais ex-ministre des Affaires européennes conduirait la liste LREM lors des élections européennes. Voilà qui met fin à un bouleversant suspense ! Selon une enquête Odoxa, ce sont ainsi pas moins de 59 % des sondéEs qui se déclarent « indifférents » à l’annonce de cette candidature. Nul doute que si nous avions fait partie du panel, nous aurions été de cette large majorité…
En effet, que ce soit Nathalie Loiseau ou unE autre, le programme et le profil de la campagne de LREM sont connus : mesures au service des riches, destruction des acquis sociaux et des mécanismes de solidarité collective, mépris – en paroles et en actes – pour les classes populaires, défense de l’Europe de l’austérité et de la chasse aux migrantEs. Le tout agrémenté d’un chantage à la « menace populiste », quand ce sont précisément les politiques des Macron et Cie qui constituent le terreau sur lequel prospèrent les idées et les partis les plus réactionnaires.
De plus, le véritable leader de la campagne LREM était déjà lui aussi connu : Emmanuel Macron lui-même, qui a lancé les hostilités avec une tribune publiée il y a quelques semaines dans la presse européenne, se posant en sauveur de l’UE et en bon premier de sa classe, ce qui pourrait prêter à sourire lorsque l’on sait qu’il caracole à 30 % d’opinions favorables en France, soit à peine la moitié des opinions favorables aux revendications des Gilets jaunes.
Enfin, on sait que la campagne sera avant tout marquée par la situation politique et sociale en France, par l’arrogance et la violence du pouvoir face aux mobilisations, et qu’il sera difficile pour Macron et les siens de mener une campagne électorale « normale » – ce dont on ne peut que se réjouir. Les Gilets jaunes et tous les secteurs mobilisés contre les politiques de régression sociale entendent en effet jouer les trouble-fête, et le NPA sera bien évidemment de la partie.
On peut toutefois reconnaître à Nathalie Loiseau une qualité : celle d’être l’un des visages exemplaires de la Macronie. Haute fonctionnaire de carrière, cette technocrate longtemps proche d’Alain Juppé s’était fait remarquer en évoquant les migrantEs qui effectueraient un « shopping de l’asile » au sein des pays de l’UE. Et lorsqu’elle avait pris la direction de l’ENA en 2012, elle expliquait, à propos des élèves de l’école : « Ils sont intelligents, mais cela ne suffit pas à faire d’eux de bons managers. » Vous reprendrez bien un peu de « nouveau monde » ?
Julien Salingue