Après le laudateur Pernaut, Bourdin et Plenel ont tenté de pousser Macron dans les cordes. L’opportunité pour l’ex-ministre de l’économie de Hollande de prouver qu’il ne craint pas les critiques. Deux prestations télévisées de Macron qui pourraient se résumer en une phrase : « J’irai jusqu’au bout. » Le reste, ce sont des mensonges, comme celui (qui ne correspond pas aux résultats des études) selon lequel la SNCF serait 30 % moins performante que les réseaux voisins ou bien du mépris : les étudiantEs en lutte ne sont pas de vraiEs étudiantEs, les zadistes de Notre-Dame-des- Landes sont des gens dont la finalité n’est que le désordre, ceux qui aident les réfugiéEs sont pleins de bons sentiments mais « avec des bons sentiments, on commet des crimes ». Macron, qui travailla à la banque Rothschild à un moment de sa carrière, nie effrontément sa proximité avec les grands capitalistes, comme Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France : « Je n’ai pas d’amis... je suis le président. » Les cheminotEs ont droit à quelques bonnes paroles sur leur dévouement, mais, en fait, tout ce qui conteste est ravalé au rang de minorités tyranniques « habituées à qu’on leur cède ».
En revanche, il en est qui, pour Macron, ne sont pas des minorités tyranniques, ce sont les riches car, « les riches n’ont pas besoin de président, ils se débrouillent très bien tout seuls ». Il est vrai qu’en ces temps où arrivent les feuilles d’impôt, les riches se débrouillent mieux que celles et ceux qui se préparent à payer plein pot, sans parler de la hausse de la CSG imposée à partir d’une retraite de 1 200 euros par mois. Les riches se débrouillent, c’est-à-dire qu’ils vont voir leur conseiller fiscal qui va leur expliquer les ficelles, légales ou non, pour réduire leur impôt. Mais si les riches peuvent le faire, c’est parce que les lois existent, que les présidents, que les gouvernements les laissent faire. Et puis, les riches ont besoin des États pour, avec leur police et leur armée, protéger leurs intérêts, pour passer de juteuses commandes à leurs entreprises sans être trop regardants sur les prix ou bien leur distribuer des subventions (ce qui n’empêche pas les fermetures d’entreprises comme Ford est en train de l’illustrer). Ce que les riches trouvent inutile dans l’État, c’est ce qui est indispensable à ceux qui ne sont pas comme eux, l’hôpital, l’école publics, tous les services publics.
La refondation de la « maison France » dont Macron se gargarise passe par la remise en cause de tout ce qui a été acquis par des décennies de luttes sociales. Il s’apprête désormais à passer aux retraites. Il est urgent de l’arrêter. C’est ce qui donne un caractère décisif aux luttes en cours. Dans ce cadre, toutes les initiatives sont bonnes à prendre à condition de ne pas oublier que ce sont les grèves, les actions, l’auto-organisation des cheminotEs, des étudiantes, des salariéEs de la santé, etc. qui peuvent mettre en échec Macron et lui faire ravaler ses mensonges et son mépris.
Henri Wilno