L’effondrement du Parti socialiste aux municipales puis aux européennes n’a pas vraiment profité à la gauche « radicale » ou aux écologistes. Sur fond de crise politique majeure, des initiatives se multiplient pour rassembler « la gauche », pour une « nouvelle majorité rose-verte-rouge »...
La politique menée par le gouvernement depuis deux ans, provoque des crises à répétition et des contradictions au sein de la majorité parlementaire et gouvernementale (départ d’EÉLV du gouvernement, abstention des 41 députés socialistes à l’Assemblée nationale). À la sortie des élections européennes, les partis institutionnels sont plus que jamais discrédités aux yeux d’une majorité de la population, en particuliers ceux se revendiquant de la « gauche ». Pour répondre à cette crise politique, pour certains, la réponse semble donc être de renouer avec des formules d’union de la gauche entre le Front de gauche, EÉLV, la gauche du PS et même Nouvelle Donne... Chacun à leur tour, tous ont commencé à s’y atteler. Du côté « PS critique », on se lance dans les réunions publiques unitaires. À l’initiative du club des « socialistes affligés », samedi 7 juin, EÉLV, l’ensemble des composantes du Front de gauche et la gauche du PS se sont réunis pour échanger sur une possible et « nécessaire » recomposition de la gauche... Samedi 14 juin, après le conseil national du PS, les courants dit de gauche du PS se sont réunis, à l’initiative du courant « Un monde d’avance », pour débattre de « comment rassembler la gauche ? ». À noter la présence d’EÉLV et du PCF (Pierre Laurent lui-même...), mais pas du reste du Front de gauche. La secrétaire nationale d’Europe Écologie-les Verts Emmanuelle Cosse a de son côté également écrit à toutes les formations politiques qui avaient soutenu Hollande en 2012 (Modem et Cap 21 compris...) pour leur proposer d’organiser ensemble des débats autour de l’emploi, la transition écologique et de la démocratie, pour « formuler publiquement des propositions au gouvernement et au Président de la République ». S’inscrivant ainsi toujours dans le cadre de la majorité et pas en opposition. Et d’ores et déjà, le PCF et le PG y ont répondu positivement, renâclant quand même sur la présence de forces de droite dans la discussion...
Indépendance et ruptureCôté Front de gauche, les appels à un « front commun anti-austérité », à « rassembler la gauche », à « une nouvelle majorité alternative » allant de la gauche du PS au NPA, en passant par Nouvelle Donne et EÉLV, se multiplient. Certes, certains semblent plus zélés que d’autres pour aller dans ce sens, le PCF tout à son aise pour dérouler son orientation traditionnelle, mais petit petit, toutes les composantes s’alignent sur cette formule de « majorité alternative »... S’il est vrai que la crise politique et sociale mérite une réponse à la hauteur des enjeux, cela ne peut être une simple « recomposition » parlementaire, une « nouvelle majorité alternative », comme les uns et les autres l’appellent de leurs vœux. Il y a tout d’abord urgence à construire une opposition de gauche anti-austérité s’appuyant sur les mobilisations, une opposition de gauche qui ne saurait être amalgamée avec cette perspective de nouvelle majorité... dont certaines forces se situent actuellement dans le giron de la majorité actuelle ! Discutons-en lors de la journée de débat du 21 juin, cela peut en être l’occasion.
Sandra Demarcq