La marche du 26 mai est une première. La convergence des organisations syndicales – CGT, Solidaires, FSU, UNEF, SAF, Syndicat de la magistrature –, des associations et mouvements – ATTAC, Copernic, Droit au logement, Collectif pour les droits des femmes… – et des partis politiques est en effet pour le moins inédite.
C'est l’aboutissement d’un long, très long combat pour l’unité. Un combat dont on peut dire, sans chauvinisme de courant politique, qu’il doit beaucoup aux interventions d’Olivier Besan-cenot et à la politique unitaire du NPA qui, depuis des mois, appelle à cette convergence. C’est aussi l’expression d’une profonde aspiration à l’unité de celles et ceux qui n’en peuvent plus de voir Macron dérouler ses contre-réformes libérales les unes après les autres. La nécessité de mettre un coup d’arrêt à ce rouleau compresseur exige l’unité.
Des bougés significatifs
L’appel à la « Marée populaire » du 26 mai est le résultat de plusieurs « bougés ». Le premier est sans aucun doute celui qui s’est produit du côté des organisations politiques avec une première déclaration unitaire d’Alternative libertaire, EÉLV, Ensemble !, Gauche démocratique et sociale, Génération.s, Groupe parlementaire FI, NPA, Nouvelle donne, PCF, PCOF, PG, République et socialisme (« Défendons tous les services publics, solidarité avec les cheminotEs ») avant la journée de mobilisation du 22 mars. Prise de position qui indique une prise de conscience, parfois douloureuse, qu’aucune force ne peut prétendre représenter à elle seule l’expression politique de l’opposition à gauche au gouvernement et à sa politique, ni même dicter les conditions de l’unité aux autres en les invitant simplement à se rallier à une initiative décidée par elle seule. Cette première prise de position a été suivi de différentes actions communes.
L’autre bougé significatif est évidemment du côté syndical et en particulier dans la CGT, où la rupture avec l’héritage du rôle de « courroie de transmission » du PCF avait laissé la place à un refus pur et simple de toute action commune avec les partis politiques. La majorité très large lors de la consultation interne des organi-sations en faveur de la participation au 26 (78 organisations CGT ont voté pour, six se sont abstenues et six ont voté contre) est de ce point de vue un tournant important.
Construire le succès du 26 mai
L’unité qui s’est réalisée au plan national doit désormais se concrétiser partout dans les villes et régions, sans exclusive, sans tentative d’appropriation ou de préséance : c’est la condition pour préparer les manifestations les plus massives possibles et faire de la journée du 26 mai un succès incontournable.
Cette « Marée populaire » est à l’évidence une manifestation contre Macron et les divers aspects de sa politique. Certes, nous le savons bien, la seule journée du 26, quand bien même elle serait une réussite, ne suffira pas à faire céder le gouvernement dont le mépris et l’arrogance se confirment semaine après semaine. Mais nous avons besoin d’un succès, d’une démonstration de notre force, de notre nombre, de notre unité. De ce point de vue, cette échéance, si elle ne remplace pas la mobilisation de chacun des secteurs, la grève, l’auto-organisation, ne s’y oppose pas et, bien au contraire, ne peut que les renforcer.
Il est donc décisif que les secteurs mobilisés, leurs revendications, leurs luttes, soient au cœur de la préparation et de l’animation du 26. Les formes retenues doivent permettre cette visibilité, ces échanges, cette convergence concrète. C’est aussi un moyen de contrecarrer l’émiettement, voire l’isolement des luttes. Tout particulièrement, elle doit permettre de revivifier tous les cadres militants de soutien aux cheminotEs… Car l’issue du combat contre la privatisation de la SNCF reste décisive pour le rapport de force global entre les exploitéEs et les oppriméEs d’une part, et le gouvernement et le patronat de l’autre.
Christine Poupin