Publié le Dimanche 17 décembre 2017 à 17h38.

Mélenchon-Hamon : Que je t’aime ?

L’idylle entre le leader de La France insoumise et celui de Génération.s semble de nouveau être à l’ordre du jour ces dernières semaines. Idylle tactique ou stratégique ? 

Ils s’étaient quittés très fâchés après la présidentielle. En effet, Mélenchon avait attribué son échec au seul maintien de Hamon au premier tour du scrutin, déclarant notamment : « s’il avait retiré sa candidature, il serait aujourd’hui Premier ministre et moi président de la République ». Mais cela semble de l’histoire ancienne et le rapprochement entre les deux leaders de nouveau à l’ordre du jour. À la veille de la convention nationale de La France insoumise, fin novembre, Mélenchon l’évoquait officiellement : « Nous déjeunons, nous échangeons des analyses. Pour le moment, cela reste à un niveau individuel. Mais nous étions déjà ensemble le 23 septembre dans la rue, coude à coude, contre les ordonnances. Attendons que Benoît Hamon mette sur pied son mouvement. Mais cela avance. » 

Ce rapprochement n’est pas un hasard, il tombe même plutôt bien pour les deux ex-candidats, dont l’un est en difficulté et l’autre lance son mouvement politique. Les deux cherchent sans doute à éviter une déculottée aux prochaines élections européennes de 2019, qu’ils préparent d’ores et déjà.

L’envie d’avoir envie !

Les relations entre Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon se sont donc réchauffées depuis la participation de ce dernier à la « marche contre le coup d’État social » organisée par Mélenchon le 23 septembre dernier. Ils assurent désormais, et ce contrairement à ce qu’ils déclaraient lors de la présidentielle, qu’une entente est nécessaire pour faire face à Macron et à sa politique. Benoît Hamon, au lendemain du lancement de son mouvement Genération.s, a indiqué sur RTL qu’il était possible de travailler avec les Insoumis pour s’opposer à Macron, et sans doute ainsi récupérer une partie de l’espace politique plus ou moins occupé par la FI. Quant à Mélenchon, son positionnement comme seul opposant à Macron n’a pas été un succès et la FI semble désormais affronter des difficultés. Mélenchon qui, il y a encore quelques mois, n’avait qu’un mot d’ordre à la bouche celui de « qui m’aime me suive », se dit désormais prêt à discuter et à ne pas rester isolé pour s’opposer à Macron.

J’ai un problème

Si les deux anciens candidats à la présidentielle partagent en façade cette même volonté de combattre la politique de Macron, leur rapprochement sur le fond n’est pas si évident. De nombreuses divergences sont connues et loin d’être réglées, en particulier sur la question européenne, alors que les deux organisations sont déjà sur les starting-blocks électoraux et que certains parlent déjà de liste commune. Pas si simple. Et ce nouveau rapprochement très médiatique rappelle furieusement la dernière campagne présidentielle où les deux candidats avaient, pendant un temps, joué le même jeu. Ce qui est toutefois certain, c’est que Mélenchon et Hamon surfent sur le même électorat et ne peuvent assumer la responsabilité de la division de ce qui reste de la gauche. 

Si tu cherches la bagarre

Mais le nécessaire rapport de forces contre ce gouvernement ne va pas se construire par le haut ou dans les prochaines échéances électorales, mais dans les lieux de travail, les quartiers et dans la rue. Et cela passe non pas par l’alignement derrière « un homme  ou deux », mais par des cadres unitaires et démocratiques, localement et nationalement capables, y compris face à la soumission ou la passivité de beaucoup de directions syndicales, de préparer l’affrontement. Contrairement aux dirigeants de La France insoumise et de Génération.s, nous pensons qu’une révolution ne se passerait pas dans les urnes mais bel et bien dans la rue. Et même si les difficultés sont réelles, il n’y aura pas de raccourcis d’appareils ou électoraux : c’est bien le monde du travail, actifEs et inactifEs, privé et public confondus, mobilisé contre la politique de ce gouvernement, qui est la seule véritable opposition capable de faire reculer Macron. Faisons en sorte qu’elle se fasse de plus en plus entendre.  

Joséphine Simplon