Publié le Mercredi 5 février 2020 à 09h38.

Même si Macron ne le veut pas, on est toujours là !

Deux mois après le début de la mobilisation contre la « réforme » de la retraite à points, la mobilisation est toujours d’actualité et se développe sous différentes formes au grand dam du gouvernement.

La grève reconductible à la SNCF et à la RATP est certes terminée, mais n’a pas sonné la fin de la contestation contre la contre-réforme. Bien au contraire. Pas un jour ne se passe sans que des secteurs d’activités ne se fassent entendre par des actions inédites. La grève est bien là, que ce soit celle des pompierEs qui ont manifesté le 28 janvier dernier ; celle des éboueurEs et des agentEs chargés du traitement des déchets de l’Île-de-France ou de Marseille, qui sont en grève depuis plus d’une semaine ; celle des salariéEs de l’énergie qui multiplient les coupures de courant et baisses de production ; celle des personnels hospitaliers et des médecins qui démissionnent à tour de bras depuis quelques semaines et qui appellent à une journée de grève nationale le 14 février prochain. Mais aussi et encore les professions libérales qui ont manifesté massivement le 3 février ; les agentEs et salariéEs de la Culture ou encore les enseignantEs, mais aussi les facs et les labos en lutte qui se sont réunis à plus de 700 le week-end des 1er et 2 février. Sans oublier les lycéenEs, qui sont de plus en plus nombreux à bloquer leurs lycées contre le nouveau bac Blanquer et les fameuses épreuves E3C. Et le gouvernement est en train de comprendre qu’il ne suffit pas d’aller sur les plateaux télé et de siffler la fin de la grève pour que celle-ci se termine.

Tout le monde déteste Macron et son monde

Cette exceptionnelle mobilisation démontre l’ampleur du rejet de cette réforme dans l’ensemble du monde du travail et de la détestation de plus en plus importante envers ce gouvernement. Comment en serait-il autrement quand Pénicaud et les députés LREM ont combattu une proposition de loi proposant de prolonger de cinq à douze jours de congés pour les parents venant de perdre un enfant ? Il aura fallu l’intervention du Medef pour assister à un rétropédalage… Comment en serait-il autrement quand Blanquer a fait prélever un jour de grève aux enseignantEs qui sont allés à l’enterrement de Christine Renon, cette directrice d’école de Pantin qui s’était suicidée en septembre dernier ? Comment en serait-il autrement quand ce gouvernement met en garde à vue plusieurs dizaines d’heures des mineurs ayant bloqué leur lycée ? Comment en serait-il autrement quand ce gouvernement éborgne, mutile celles et ceux qui s’opposent à sa politique d’injustice et de régression sociale ? Comment en serait-il autrement quand Michelin licencieur demande aux salariéEs licenciés de rembourser leurs pneus ou quand la SNCF verse des primes aux non-grévistes et que la RATP sanctionne des grévistes ? 

Un gouvernement très fragilisé

Bien que ce gouvernement semble rester droit dans ses bottes, une chose est certaine : il est très fragilisé. Après que le Conseil d’État a émis de sérieuses réserves sur le projet de réforme des retraites, il vient de suspendre en référé la circulaire Castaner sur les prochaines élections municipales. Mais ce n’est pas tout. Après les nombreuses perturbations pendant les vœux des députés et ministres LREM, c’est désormais le tour des candidatEs aux municipales. Édouard Philippe lui-même a dû se confronter, au Havre, à un comité d’accueil de grévistes. Sans oublier qu’à quelques jours du début du débat parlementaire sur le projet de réforme, à l’intérieur de la majorité présidentielle elle-même, les divisions s’accentuent. Avec l’annonce, le 28 janvier, du départ de la députée des Français d’Amérique latine Paula Forteza, ce sont désormais près d’une vingtaine de parlementaires qui ont quitté le mouvement et/ou le groupe parlementaire LREM. Côté municipales, le cas Villani, à Paris, n’est pas isolé : dans les 50 premières villes de France, LREM est confrontée à au moins 17 cas de dissidence, soit dans plus d’un tiers des municipalités. Sans oublier les 22 000 amendements, la motion de censure et les critiques de la droite sur les conditions d’examen du projet de loi. Des signes supplémentaires de faiblesse, et un encouragement à continuer et à amplifier la lutte. 

Un nouveau souffle… pour gagner 

La reprise du travail dans les secteurs en reconductible, l’épuisement du calendrier proposé par l’intersyndicale nationale dû à la répétition des journées nationales de mobilisation, l’ouverture du débat parlementaire et le début du tunnel des vacances scolaires, tout cela impose de rouvrir largement les discussions sur la stratégie pour construire la mobilisation. S’il faut continuer à défendre la nécessité de la grève, à travailler à son enracinement et son extension, les conditions de son développement sont un peu modifiées à court terme par tous ces facteurs. Le mouvement a besoin de trouver un nouveau souffle, de marquer les esprits, de permettre aux grévistes de gagner de la confiance. Et pourquoi pas une manifestation nationale pour relancer la locomotive ?