Publié le Vendredi 20 novembre 2009 à 17h50.

Mi-mandat, au service du MEDEF

Après deux ans et demi de présidence, la politique de Sarkozy montre son vrai visage : réformer le code du travail en fonction des intérêts des patrons et souder l’électorat réactionnaire en prenant les immigrés comme boucs émissaires. Nicolas Sarkozy s’est bien gardé de célébrer trop bruyamment la moitié de son mandat présidentiel. Tout au plus quelques courtisans, dont le Premier ministre François Fillon, ont vanté « un train de réformes sans précédent ». En trente mois, le pouvoir n’a pas chômé en matière d’attaques contre les droits sociaux, rebaptisées « réformes ». À commencer par le « bouclier fiscal » et le « sauvetage des banques », en fait… des profits des banquiers.Le bouclier fiscal est présenté par ses partisans comme une expression du simple bon sens : ne pas payer plus de la moitié de ses revenus en impôts. C’est oublier que, même une fois « lourdement taxées » (comme elles s’en plaignent), les personnes concernées disposent encore de revenus tout à fait confortables. C’est aussi passer sous silence ce que représentent les « restitutions » opérées aux contribuables « trop» imposés : pour les 100 plus gros bénéficiaires, la restitution moyenne concernant l’année 2008 a été de 1,154 million d’euros. Pour les dix plus gros gagnants, elle a même été de 5,97 millions d’euros !

Destiné à 14 000 privilégiés, le bouclier fiscal coûte 458 millions d’euros aux finances publiques. C’est évidemment scandaleux. Mais ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport à l’océan des fonds débloqués en 24 heures pour venir au secours des banquiers : en octobre 2008, l’État s’est en effet engagé à hauteur de 360 milliards d’euros ! C’est bien là, la vérité profonde de la politique de Sarkozy : entièrement destinée à enrichir les plus privilégiés, contribuables fortunés, actionnaires, patrons de multinationales.

Symétriquement, cette politique est toujours plus dure vis-à-vis des classes laborieuses, contraintes en permanence de payer les frais de la crise capitaliste : réduction d’emplois dans les services publics, notamment Éducation nationale et Santé ; taxe carbone ; blocage des salaires et augmentation des prix (y compris les tarifs de la SNCF, d’EDF et GDF ou de la RATP) ; nouvelle vague de privatisations (dont la tentative de modifier le statut de la poste) ; travail le dimanche ; augmentation du forfait hospitalier et nouveau train de déremboursement de médicaments. Et la dernière trouvaille en date : l’imposition des indemnités des accidentés du travail ! De moins en moins « social », l’État s’assume de plus en plus pénal. La présidence, le gouvernement et la majorité parlementaire rivalisent d’innovations juridiques répressives (notamment contre les mineurs) ou destinées à protéger les puissants (suppression du juge d’instruction). Sous le couvert nauséabond de défense de « l’identité nationale », Hortefeux puis Besson se sont lancés dans une chasse aux immigrés sans papiers qui ne connaît plus d’exceptions : enfants sans papiers ou réfugiés afghans, tous sont bons pour les charters de la honte ! Le PS offre un spectacle lamentable, tant il est incapable de s’opposer à une politique dont il partage les principaux fondements.

Au lieu d’œuvrer à la convergence des luttes, les principales directions syndicales ont organisé la démobilisation, de journée d’action sans lendemain en journée d’action sans lendemain.

Une tout autre politique est nécessaire, faite d’unité dans les luttes et de construction patiente d’une véritable alternative politique indépendante du social-libéralisme. L’affaire Jean Sarkozy comme les remous sur la taxe professionnelle le montrent : il existe des fissures au sein du régime. La véritable force de Sarkozy, c’est l’absence d’une opposition réelle et déterminée. François Coustal