Le mercredi 13 avril à 13h devait se tenir une AG dans la Sorbonne pour discuter de l’élection présidentielle et de la colère de la jeunesse face au chantage du second tour Le Pen-Macron.
L’accès a été refusé à celles et ceux qui n’étaient pas étudiants à la Sorbonne, bien que l’AG ait été ouverte à toutes et à tous. Toutes les personnes recalées à l’entrée se sont retrouvées sur la Place où il a été décidé de faire l’AG pour que tout le monde puisse y participer. Nous étions plus de 200. Puis, nous sommes allés devant l’entrée rue de la Sorbonne pour réclamer l’entrée de tout le monde à l’intérieur. Nous sommes entrées après plusieurs impulsions et grâce à l’aide des personnes déjà à l’intérieur.
Ce sont plus de 500 étudiantEs qui se sont alors retrouvéEs en AG dans un des amphis. On sentait beaucoup de colère et de détermination, une grande envie d’agir car ils et elles se sentent dépossédéEs de leur avenir avec ces élections. Le mot d’ordre repris « Ni Le Pen Ni Macron » a suscité beaucoup de critiques mais reflétait surtout la volonté de ne pas se laisser enfermer seulement dans des questions électorales. La plateforme adoptée posait aussi les questions de l’avenir des universités et la résistance à la privatisation de l’éducation, la lutte pour le climat, la solidarité avec les réfugiés…
Rapidement, les vigiles du rectorat puis la police ont fermé la fac, empêchant les étudiantEs de pouvoir ouvrir largement l’AG. Progressivement, l’occupation s’est organisée. Des étudiantEs masquéEs contrôlaient l’accès par une porte dérobée. Une cantine est installée avec la nourriture que les sympathisantEs font passer par les fenêtres de la rue, ainsi qu’une infirmerie. Dans le grand amphi de gestion où la moitié des occupantEs (environ 150) sont rassembléEs en train de discuter, boire et fumer, quelqu’un joue aussi du piano, l’atmosphère est bon enfant. Mais très vite la pression policière se fait sentir, tendant la situation, avec beaucoup de jeunes pour qui c’était la première occupation.
Des barricades de chaises et de tables sont installées à intervalles réguliers, les murs sont tous maculés d’inscriptions anticapitalistes, féministes, anarchistes, contre Macron et Le Pen… On voit des camarades grimper sur les toits pour accrocher à une cheminée le drapeau anarchiste. CertainEs se disent : « ça serait bien d’occuper jusqu’au second tour ». Une AG a lieu à 23h. Les sujets abordés parlent de l’organisation concrète de l’occupation, pas tellement de politique. Malheureusement le ton monte assez vite entre étudiantEs surtout sur la question des graffs et des dégradations et jusqu’à quel point on en est tous solidaires. Une partie des occupantEs quittent les lieux pendant la nuit. Le lendemain midi, il ne reste plus qu’une quarantaine de personnes dans le bâtiment qui est totalement entouré de cars de flics.
Le lendemain à 13h nous étions plus de 200 sur la Place. On ne pouvait évidemment pas entrer dans la Sorbonne. Cependant, une AG s’est progressivement organisée, des étudiantEs prenaient la parole dans les mégaphones. Des chants antifascistes et anticapitalistes ont été scandés par la foule. L’ambiance était vraiment pacifique, on se parlait, on échangeait nos contacts. Un professeur a pris la parole pour donner le soutien de l’intersyndicale CGT FSU Sud au mouvement d’occupation de la Sorbonne. Ce dernier prenait de plus en plus forme. C’est à ce moment que des membres des mouvements autonomes, opposés à toute organisation politique et toute discussion, ont lancé depuis la Sorbonne sur les forces de l’ordre divers objets (ordinateurs, chaises, etc.). La police a alors gazé et nassé les étudiantEs. Malgré quelques interventions à portée politique, le mouvement s’est peu à peu essoufflé. Les dernierEs occupantEs sont sortiEs, faute de ravitaillement et d’aide, vers 20h.
D’autres mouvements de contestation ont eu lieu à Paris (Sciences Po Paris, blocage détruit par des étudiants d’extrême droite proche de Reconquête) et partout en France (l’IEP à Lyon, Sciences-po Nancy…).
De nombreuses universités ont fermé leurs portes ces derniers jours et sont passées en distanciel par peur d’une progression de ce mouvement étudiant. Le joker du cours en distanciel utilisé par ces universités est inadmissible. Il prive les étudiantEs et les professeurEs de cours en présentiel à cause de leur seule peur d’un mouvement de contestation légitime contre l’aberration de ce second tour au cours duquel les questions écologiques, sociales et concernant la jeunesse ne sont aucunement posées !