Publié le Mercredi 22 février 2012 à 13h05.

Notre solidarité avec le peuple grec et la campagne

La situation en Grèce s’est invitée dans la campagne électorale française et chaque candidat y va de sa solution. Pour le NPA, celle-ci ne pourra venir que des mobilisations.Le soulèvement du peuple grec contre le nouveau plan d’austérité que voudrait lui imposer la Troïka (FMI, BCE, Union européenne), est un cri de colère contre une politique aveugle et criminelle qui étrangle un pays, condamne sa population à la misère, à une terrible régression sociale alors que chacun sait que cette politique est une impasse. Elle peut, à court terme, sauver les profits des banques, mais, à très moyen terme, elle conduit à une banqueroute généralisée. 

Sarkozy, avec Merkel, prétendait avoir sauvé l’Europe. Ils n’ont fait que contraindre Papandréou d’abord, le gouvernement d’union nationale qui a suivi sa démission, ensuite et, aujourd’hui, la majorité des députés grecs à l’infamie. Ils n’ont d’autre projet que d’étendre à toute l’Europe la politique qui a mis la Grèce à genoux. 

Juppé s’est félicité : « le gouvernement et le Parlement [grecs] ont accepté ce plan de redressement »... Et si le FN dénonce la politique « des candidats de la Troïka », c’est au nom d’une politique qui prétend rompre avec l’Europe pour imposer aux travailleurs, enfermés dans les frontières, une austérité drastique pour résoudre les déficits !

Hollande, quant à lui, ne voyait pas d’autre choix pour le Parlement grec que de se plier à la Troïka et reproche à Sarkozy et Merkel d’avoir « agi trop tard, trop faiblement sur le plan financier, et trop durement sur le plan économique et social ». « Il aurait fallu un plan massif dès le départ » et il demande des « réformes structurelles, notamment pour réguler le système financier [...] et pour trouver un juste chemin entre la réduction des déficits et le maintien de la croissance et de l’emploi ». Autant dire la même politique.

On ne peut que se féliciter du mouvement de solidarité qui a commencé à se développer. Nous nous y retrouvons au coude à coude avec le Front de Gauche. Nous partageons sa dénonciation de la politique de la Troïka, des plans d’austérité successifs imposés à la Grèce qui anticipent ce qui se prépare pour l’ensemble de l’Europe. Mais il est vain d’« interpeller François Hollande en l’appelant à voter contre le mécanisme de stabilité que va mettre en place l’Union européenne ». Il est pour le moins erroné de compter sur une nouvelle majorité parlementaire de gauche, y compris rééquilibrée, pour mettre un coup d’arrêt à la politique dictée par les banques et le patronat. C’est bien une des leçons de Grèce. La classe ouvrière, le peuple, ne peuvent compter sur les partis institutionnels, prisonniers de leurs arrangements de pouvoir comme de leurs privilèges.

On ne peut répondre à la crise de la dette que par en bas, par des mesures radicales portées par les mobilisations. En priorité :

• un bouclier social qui protège réellement les travailleurs des conséquences de la crise, l’interdiction des licenciements et la répartition du travail, la hausse des salaires, pas de revenu inférieur à 1 600 euros net, associé au refus de payer les intérêts de la dette, à l’exigence d’un audit populaire et public en vue de son annulation.• Liquider la dictature de l’oligarchie financière en expropriant les banques pour créer un service public bancaire unique afin d’assurer le financement de l’économie sous le contrôle de la population.• Contre tout repli nationaliste, la perspective d’une autre Europe, un Europe de la solidarité et de la coopération, une Europe des travailleurs et des peuples.

La solidarité avec le peule grec exige un programme politique qui réponde à ses propres intérêts comme à ceux de tous les peuples d’Europe. Porter ce programme est la raison d’être de notre campagne, ce qui la rend indispensable. 

Yvan Lemaitre