Une consultation vient d'avoir lieu parmi les membres du PCF concernant les deux options proposées à la dernière conférence nationale du parti réunie le samedi 5 novembre, conférence composée essentiellement d'éluEs et de dirigeantEs de fédérations...
On se souvient que, pour la première fois de son histoire, la position du secrétaire national du PCF d'appeler à voter Mélenchon sans adhérer pour autant au mouvement de ce dernier (« La France insoumise ») avait été mise en minorité, avec 55,7 % des voix en faveur d'une candidature du PCF... De plus, Pierre Laurent affichait une grande confusion si une candidature unitaire anti-austérité apparaissait. En d'autres termes, en cas de candidature Montebourg sortant de la primaire de la gauche... Et on notera en passant que la direction du PCF avait promis à la veille de cette conférence de rencontrer toutes les formations à la gauche de la gauche, dont le NPA... mais qu'elle a visiblement oublié de nous écrire pour nous rencontrer !
Division historique
Au final, le vote interne organisé par le PCF a réuni 40 937 votantEs sur 56 365 membres à jour de cotisations, pour 120 000 membres revendiqués... La position présentée par Pierre Laurent a recueilli cette fois-ci une majorité de 53,60 % des voix, l'autre 46,40 %. Une majorité des militantEs a donc finalement préféré une candidature Mélenchon à une candidature PCF, qui n'aurait fait que renforcer la division à la « gauche de la gauche » mais aurait pu permettre une alliance avec le PS aux législatives. Mais jamais le PCF n'a connu une telle division.
Ce vote, qui a réjoui un dirigeant du Parti de gauche, Alexis Corbière, a visiblement laissé de marbre Jean-Luc Mélenchon qui, désormais, a décidé de laminer le PCF, y compris aux législatives en annonçant déjà une candidature de son mouvement dans chaque circonscription.
Cette division historique trahit le désarroi des membres du PCF, entre ceux qui voient en Mélenchon un sauveur tout en condamnant ses méthodes, et ceux qui préfèrent une candidature PCF qui pourrait assurer un soutien du PS lors des législatives. Et le PCF a beau expliquer qu'il mènera une campagne autonome pour se faire entendre - « Nous porterons très fortement la parole communiste dans cette campagne », dit Pierre Laurent -, on ne peut qu'en douter. Aujourd'hui, la majorité de ses militantEs, quel que soit leur vote, est complètement désorientée, beaucoup refusant à haute voix de faire campagne pour Mélenchon, voire même de voter pour lui.
Au sein des deux options en débat, on peut trouver des positions contradictoires. Ainsi, le vote pour une candidature PCF regroupe à la fois des orientations droitières, comme celle de Christian Piquet ou d'André Chassaigne qui n'acceptent pas l'idée qu'il y auraient « deux gauches » et souhaitent un accord avec le PS aux législatives, et des vieux « staliniens » identitaires opposés à Mélenchon. En face, il y a des communistes « réalistes » qui craignent l'isolement de leur parti, sa marginalité électorale, et ne sont pas trop choqués par le nationalisme affiché de Mélenchon. Mais des deux côtés, on se méfie de ce dirigeant issu du PS et qui a été secrétaire d’État au sein du gouvernement Jospin.
Pour sortir de la crise
Le PCF est donc en crise... Le parti garde certes environ 7000 éluEs mais il ne possède un groupe parlementaire que grâce au PS. Sur le plan politique, il a été détruit en partie par ses participations gouvernementales et son soutien au PS, puis par sa rupture avec sa direction . Bref un zig-zag politique permanent dans un cadre général réformiste et institutionnel.
Tout cela, il faut le refuser, et c'est la raison pour laquelle nous présentons à la présidentielle Philippe Poutou, une candidature anticapitaliste et internationaliste. Avec celle-ci, on nous reproche parfois d'ajouter à la division. Certes, Mélenchon rejette les politiques suivies pendant ce quinquennat, mais comme bien des militantEs du PCF, nous sommes en désaccord son insupportable caractère d'homme providentiel type « sauveur suprême ». Nous pensons que ces élections doivent être utilisées pour y défendre les luttes en cours, populariser des propositions de rupture, et montrer que ce n'est pas dans les urnes que l'on arrivera à changer la donne. C'est la condition pour ne pas entretenir, encore et encore, une confusion politique qui continue à faire beaucoup de dégâts au sein du PCF.
Alain Krivine