La fin d’année est traditionnellement le moment des bilans… et des cadeaux ! Alors, sacrifiant à cette double tradition, faisons le bilan des cadeaux distribués par le gouvernement aux patrons, aux banques, aux plus riches. Force est de constater qu’ils n’ont pas eu besoin d’attendre Noël : pour eux, la distribution, c’est tous les jours, toute l’année.Au regard des résultats de l’année 2011, les patrons auraient pu être privés de cadeaux en 2012. La rémunération des patrons du CAC 40 a augmenté de 4 % en 2011, pour atteindre une rémunération annuelle moyenne de 4,4 millions d’euros. Les plus gâtés sont le PDG de Publicis avec 19 millions d’euros, puis Carlos Ghosn de Renault, devant ceux de Dassault, LVMH, et l’Oréal… Ils seront aussi pourtant les grands bénéficiaires du budget d’austérité adopté dans la foulée du Traité européen et des 20 milliards d’euros de crédit d’impôt offerts sans contrepartie aux entreprises au nom de la compétitivité
Des patrons toujours comblésAccompagnant le cadeau sonnant et trébuchant il y a le discours. Le patronat est comblé, le gouvernement le flatte, le cajole, reprend à son compte la compétitivité, le « coût du travail », les « rigidités du marché du travail »… Semaine après semaine, le gouvernement ne manque aucune occasion de faire un petit – ou grand – geste en direction des patrons. Les contrats de génération permettront aux entreprises de moins de 300 salariés de bénéficier de 4 000 euros de réductions de cotisations par an pour l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans, tout en conservant l’emploi d’un ancien jusqu’à sa retraite. Au total, encore un milliard d’euros par an distribué aux patrons, avec en prime la validation du recul de l’âge de la retraite !Le prochain cadeau au patronat pourrait être infiniment plus somptueux : réaliser ses rêves de 30 ans car il concernerait ni plus ni moins que le Smic. En effet, alors que celui-ci doit légalement être revalorisé le 1er janvier, les experts chargés du dossier – toujours la méthode des experts qui font un rapport qui fuite pour préparer le terrain aux pires mauvais coups ! – recommandent de revoir fortement à la baisse ses modalités d’indexation, et au-delà de le démanteler purement et simplement en avançant vers un Smic-jeunes et / ou des Smic régionaux.En face de cette manne qui se déverse à flot continu sur les plus riches, on doit mettre un chiffre, un tout petit chiffre : 10 euros, le montant de l’augmentation du RSA qui aura lieu en septembre 2013. Pour les plus pauvres, Noël est misérable et différé de 9 mois. Au sortir de la « conférence contre la pauvreté » avec une augmentation dérisoire de 10 % du RSA sur 5 ans, la pauvreté qui concerne près de 9 millions de personnes a encore de beaux jours devant elle.
Opposition à la réaction et au social-libéralismeSur le terrain de l’emploi, des licenciements, des fermetures d’entreprises, on ne saurait mieux dire que ceux d’Arcelor Florange : « on se retrouve avec deux adversaires : Mittal et le gouvernement ».Dans ce contexte, la baisse de popularité du président et de son Premier ministre n’est ni surprenante ni injuste. Même l’UMP, pourtant empêtrée dans sa guerre interne, arrive à en profiter à l’occasion des élections législatives partielles. Les malheurs de ceux-là peuvent nous faire sourire, mais à condition de n’oublier ni les 28 % recueillis dans la consultation interne par la « droite forte », l’aile la plus réactionnaire de l'UMP, ni les déclarations de Marine Le Pen affirmant « il n’y pas de digue en béton entre la base de l’UMP et les idées que nous défendons, parce que nous avons bien souvent les mêmes ». Le danger est là, bien présent et la course de vitesse est engagée. Plus le gouvernement recule sur l’égalité des droits, qu’il s’agisse du mariage pour touTEs ou du droit de vote, plus la droite et l’extrême droite en profitent pour faire des démonstrations de force. Alors il n’y a pas le choix, homophobes ou racistes, les idées réactionnaires doivent être combattues sans ménager nos forces, dans la rue, par des manifestations massives.Heureusement les problèmes du gouvernement ne viennent pas que de sa droite. Sa première crise politique, il la doit à la formidable résistance de celles et ceux qui, sur place d’abord mais désormais dans tout le pays et au-delà, refusent le projet de Notre-Dame-des-Landes si cher à son Premier ministre. Dans ce refus des grands projets inutiles productivistes et dévastateurs imposés aux populations par la force pour le profit des multinationales, il rencontre le début d’une opposition radicale qui conteste pratiquement ce système en crise qui dégrade chaque jour davantage nos conditions de vie et menace notre avenir. Christine Poupin