Publié le Lundi 2 décembre 2019 à 11h39.

Pour nos retraites, contre Macron et son monde, touTEs en grève jusqu’au retrait !

À une semaine du début des mobilisations contre la réforme des retraites, le gouvernement réaffirme qu’elle est incontournable et qu’il se donnera les moyens de sa mise en place contre toutes les oppositions caricaturées par Macron comme une défense des régimes spéciaux. Il engage la bataille dans deux directions : la « bataille de l’opinion » et l’affirmation de sa détermination à faire sa réforme malgré les mobilisations.

Tout en entretenant imprécisions et confusions sur les modalités de mise en œuvre de la réforme, le gouvernement réaffirme son caractère indispensable au regard des difficultés du système existant. C’est le chant du COR (Conseil d’orientation sur les retraites) qui vient opportunément de sortir un rapport alarmiste sur les comptes du système. Alors qu’il y a tout juste un an il déclarait que les comptes des retraites étaient à l’équilibre jusqu’en 2070, il prétend aujourd’hui qu’il manquerait autour de 10 milliards d’euros par an en 2025, soit 3 % du budget retraites de 325 milliards d’euros et 0,4 % du PIB. À comparer au déficit du budget de la France de 59,563 milliards d’euros, soit 2,5 % du PIB, avec une dette publique estimée par l’Insee à 2 299,8 milliards d’euros en 2018, soit 99 % du PIB. Un déficit alourdi cette année par le coût d’environ 20 milliards d’euros de la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et pour l’emploi (CICE) en baisse de cotisations pérenne. 10 milliards d’euros, c’est le bénéfice annuel de la BNP ou de Total, le quart des cadeaux accordés au patronat dans le cadre du CICE, le double des cadeaux fiscaux accordés aux plus riches (dont ISF en partie supprimé).

MenacesTout en se démarquant, dans l’immédiat, de Retailleau, président du groupe LR au Sénat, qui propose « la réquisition des grévistes » pour garantir un service minimum dans les transports, le pouvoir est bien décidé à tenter de limiter l’impact de la grève en préparant, d’après Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’État chargé des Transports, « le plan de transports pour le 5, le 6, le 7, le 8, bref les jours possibles de grève, de manière à faciliter le transport des Français » et en faisant « en sorte qu’il y ait des solutions de transport, notamment au travers des lignes automatiques de métro ». En même temps, Macron n’hésite pas à dire qu’il souhaite que les partenaires sociaux condamnent clairement les violences et prévient que l’exécutif sera ferme face à d’éventuels débordements. La violence à laquelle fut soumis l’anniversaire des Gilets jaunes les 16 et 17 novembre ne peut que confirmer la réalité de ces menaces explicites.

MobilisationLes appels à la mobilisation, à la grève, à la poursuite du mouvement qui se multiplient indiquent que la journée du 5 décembre sera celle d’une mobilisation massive. Tablons sur le fait que le succès des manifestations contre les violences faites aux femmes sera, comme en 1995, le signe d’une disponibilité partagée à la lutte. D’autant plus envisageable au regard de la place prise par les femmes dans le mouvement des Gilets jaunes, dans l’hôpital public ou dans l’éducation. Et face à la contre-réforme d’un système de retraites dans lequel elles sont déjà fortement pénalisées.À l’mage du mouvement des Gilets jaunes, les mobilisations dans le monde ne se retrouvent guère derrière des organisations, des partis, préposés à leur direction. Cette méfiance vis-à-vis de dispositifs de représentation/confiscation des luttes pose des problèmes des prises d’initiative, des débats sur les revendications, sur un fond de refus de négociations, de rejet de tout un système. Des défiances confortées par les tergiversations des directions des principales ­organisations syndicales. La journée du 5 décembre n’échappe pas à ces contradictions. À la fois rencontre de colères spécifiques (cheminotEs, étudiantEs, salariéEs des transports, du secteur hospitalier, enseignantEs, jeunes contre le système éducatif ou pour la justice climatique, femmes, victimes de discriminations sexuelles ou racistes, victimes des violences policières, salariéEs du privé confrontés aux fermetures de sites, à la dégradation des conditions de travail et au blocage des salaires, chômeurEs violemment agressés), et d’inquiétudes différenciées sur les retraites mais aussi rassemblement contre Macron et son monde.

Convergences à construireLes convergences, les coagulations ne se feront pas à froid avant l’élévation du « mur » du 5 décembre. Mais, empêcher son effritement suppose la construction de structures d’auto-organisation, représentatives des secteurs mobilisés, et unitaires, qui devront ouvrir des pistes de coordination, de convergences au travers d’actions et de mots d’ordre communs qui combinent un rejet total de la réforme Macron-Delevoye, le refus de tout recul de l’âge de départ, de toute augmentation du nombre d’années de travail et le retour à la retraite à 60 ans pleine et entière pour toutes et tous et 55 ans pour les métiers pénibles, un minimum retraite au niveau des minimas sociaux fixés à 1 800 euros net et l’égalité professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes.Robert Pelletier