Le « gouvernement de combat » de Manuel Valls change peu. Seulement l’arrivée de deux « nouveaux », Royal et Rebsamen, l’habituel jeu de chaise musicale, et le départ d’Europe écologie les Verts. Mais sur le fond, rien ne change bien sûr !
Après la raclée électorale historique aux municipales, Hollande a donc été obligé de réagir vraiment… en changeant de Premier ministre ! Et le signal est fort puisque Hollande a choisi celui qui dénonçait les 35 heures, celui qui estimait que le nom de son parti, « socialiste », était dépassé, celui qui comme ministre de l’Intérieur a expulsé plus que Guéant et a stigmatisé les Roms. Bref, en nommant Valls, Hollande a donc donné un signal très fort... aux électeurs de droite.Valls était donc très attendu dans la composition du nouveau gouvernement, surtout que celui-ci avait été annoncé par le président des patrons comme « resserré » et « de combat ». Au final, pas grand-chose puisqu’il passe de 20 à 16 ministres, et que les principaux poids lourds du gouvernement Ayrault sont maintenus, avec quelques changements de ministères. Seul fait notable, c’est que la parité semble désormais acquise au sommet de l’État puisqu’il y a désormais 8 ministres femmes et 8 ministres hommes... Mais rassurons-nous, comme on le sait, le Président de la République et le Premier ministre restent bien des hommes !
On garde à peu près les mêmes…À y regarder de plus près, le gouvernement Hollande-Valls est un subtil équilibre entre les différentes tendances du Parti socialiste. Les « pro-Hollande » obtiennent des ministères et postes clés : Le Drian garde la Défense, Le Foll reste à l’Agriculture mais devient également porte-parole du gouvernement, Michel Sapin devient ministre des Finances et des comptes publics, et François Rebsamen fait son entrée en reprenant le ministère de Sapin (Travail, emploi, dialogue social), ainsi que Ségolène Royal qui récupère le même ministère qu’il y a 22 ans, l’Écologie...La « gauche » du PS est aussi promue. Hamon devient ministre de l’Éducation nationale à la place de Peillon qui quitte le gouvernement. Cette promotion est sans doute due à sa « discipline » depuis mai 2012, mais aussi un moyen de continuer de museler les députés de la gauche du PS. Et ça a l’air de marcher ! Montebourg, le nouveau meilleur ami de Valls, a obtenu ce qu’il voulait en devenant ministre de l’Économie, du redressement productif et du numérique. En échange, il a farouchement soutenu la nomination de Valls à Matignon.À noter également, le maintien de Christiane Taubira comme Garde des sceaux. Il était difficile de se séparer de celle qui, avec la loi du mariage pour tous, est devenue une véritable « icône ». Mais c’est aussi pour Hollande et Valls la garantie d’avoir une caution de gauche... à une politique qui ne l’est pas !Les « Strauss-kahniens » sont les grands perdants du remaniement : il ne reste plus que Touraine et Valls (quand même...). Avec le départ des représentants de EÉLV, seuls les radicaux de gauche, avec Sylvie Pinel au logement, représentent la prétendue ouverture de ce gouvernement au reste de « la gauche ». À cette équipe, devrait s’ajouter, après le vote de confiance au gouvernement quelques secrétaires d’État.
… pour la même politique !Derrière ce changement de personnel, ce gouvernement garde le même cap et sans trop de surprises poursuivra la même politique pour le Medef, contre le monde du travail. Sans attendre son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, Valls a déjà donné le cap de son gouvernement : la sacro-sainte « réduction des déficits » et la mise en place du « Pacte de responsabilité ». Certains à droite se réjouissent même de ce nouveau gouvernement, en particulier de la nomination de Valls, comme c’est le cas de Raffarin, de Devedjian ou même le héraut de la Sarkozie, Frédéric Lefebvre, qui a dit le lundi 7 avril « attendre le discours de politique générale du Premier ministre et n’écarter aucune éventualité »... On piaffe d’impatience pour la suite !Ne tirant évidemment aucune leçon des élections municipales, derrière l’écran de fumée d’un futur Pacte de solidarité, le gouvernement Hollande-Valls continue l’entreprise anti-sociale largement entamée par ceux qui les ont précédés. Nous n’avons donc rien à attendre de cette nouvelle équipe. Raison de plus pour réussir le 12 avril, et lui donner des suites.
Sandra Demarcq