Mardi 11 février, Emmanuel Macron recevait, à l’Élysée, les députés de la majorité LREM. L’occasion de « resserrer les rangs » au sein d’un groupe qui vacille, sous la pression des mobilisations sociales, de la faible popularité de l’exécutif et des postures autoritaires, vis-à-vis de leur propre majorité, de Macron et de ses proches. L’occasion aussi, pour le Président de la république, de présenter une « feuille de route » pour les semaines et mois à venir, et de se livrer à quelques « sorties » qui confirment que, définitivement, nous ne sommes pas du même monde.
« Vendre » la contre-réforme des retraites ?
Si l’on en croit la dépêche AFP qui a fait suite à cette rencontre, Macron a ainsi exhorté ses troupes à « vendre » la contre-réforme des retraites. De toute évidence, l’ancien banquier d’affaires n’a toujours pas compris la subtile nuance entre « politique » et « business », s’adressant aux députés comme un directeur commercial galvanisant ses troupes dans l’objectif de faire monter le chiffre d’affaires de l’entreprise. Nul doute que ce langage parle à bien des députés LREM, dont on se souvient qu’ils ont été recrutés sur CV et sélectionnés sur la base de critères qui ressemblaient à ceux d’une direction des ressources humaines. Mais le moins que l’on puisse dire est qu’il exprime, une fois de plus, une vision de la politique directement importée du monde de l’entreprise.
« Vendre » la contre-réforme des retraites ? La métaphore est d’autant plus mal choisie que, de toute évidence, les « clientEs » n’en veulent pas, ce que rappellent depuis au moins deux mois les enquêtes d’opinion. Le directeur commercial Macron devrait ainsi réviser son code de la consommation, qui proscrit la vente forcée en stipulant (article L. 121-12) : « Est interdit le fait d'exiger le paiement immédiat ou différé de biens ou de services fournis par un professionnel ou, s'agissant de biens, d'exiger leur renvoi ou leur conservation, sans que ceux-ci aient fait l'objet d'une commande préalable du consommateur. » Personne n’a commandé la baisse des pensions, un allongement de la durée de cotisation et l’introduction massive des retraites par capitalisation. Et personne n’en veut !
« Il faut finir les retraites avant l’été »
Depuis deux mois, les grévistes et les manifestantEs le répètent : « On ira jusqu’au retrait ». Et ils ont un soutien majoritaire dans la population, n’en déplaise à ceux qui nous répètent sur tous les tons que la contestation serait le fait d’une minorité de gauchistes et/ou de syndicalistes radicalisés. Car plus les semaines passent, et plus nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui prennent conscience de la dangerosité du projet du gouvernement sur les retraites, qui n’épargnera personne et qui contribuera à détruire l’ensemble des mécanismes de solidarité.
« Il faut finir les retraites avant l'été. C'est faux de dire qu'il faut encore du débat, ça dure depuis deux ans », a également déclaré Macron devant son parterre de VRP, confirmant que l’objectif du gouvernement est de passer en force pour pouvoir s’attaquer ensuite, à la rentrée, à d’autres « dossiers », et employant là encore une expression (« finir les retraites ») qui laisse songeur… Une confirmation supplémentaire du fait que, face à un pouvoir qui raisonne comme s’il administrait une entreprise, il n’y aura pas d’autre option que la construction d’une grève de masse, d’un blocage du pays, afin qu’ils s’en aillent une bonne fois pour toutes, en emportant avec eux leurs « réformes » et leur projet de société mortifère.