Publié le Mercredi 24 juillet 2013 à 10h01.

Service public : leur austérité mène à la catastrophe

Le 12 juillet dernier, la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, due à la désolidarisation d'une éclisse du rail, nous renseigne de façon dramatique sur la vétusté des infrastructures et le manque de moyens pour assurer l'entretien du matériel. Une situation due au démantèlement des services publics depuis plusieurs années et qui se poursuit depuis l'arrivée de Hollande au pouvoir.Le quinquennat de Sarkozy aura été marqué par une véritable politique de destruction des services publics. Éducation, santé, emploi, justice, finances, transport, poste, énergie... tous sont passés à la moulinette, celle de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), celle de la privatisation, de l’ouverture du capital, et de la recherche de  rentabilité. Et le résultat en a été sans surprise catastrophique. La continuité de la destruction du service publicSous Hollande, la Modernisation de l'action publique (MAP) a remplacé la RGPP mais la même logique est en marche. Celle qui veut qu’un bien ne soit produit que lorsqu’il peut devenir une marchandise et fournir un profit rapide au propriétaire des moyens de production. C’est dans cette logique que s’inscrivent toutes les attaques contre les services publics en France (et dans toute l’Europe). Prenant prétexte de la dette pour « réduire les déficits publics », Hollande est tout à fait « raccord ». Aux origines de la catastrophe de Brétigny, il y a la libéralisation du transport ferroviaire qui a conduit depuis 1991 à la séparation des différentes activités pour rechercher la rentabilité, au détriment de la sécurité des personnels et des usagerEs. Sa mise en œuvre par les gouvernements successifs a conduit à une grave détérioration du réseau. Les usagerEs constatent depuis des années la dégradation continue du service, avec ses pannes et retards... La maintenance et le contrôle du matériel sont rendus très difficile par manque de moyens humains : 10 000 emplois ont été supprimés depuis 2007, et 1 800 nouvelles suppressions d'emplois sont prévues. Et la nouvelle « réforme » envisagée par le gouvernement va dégrader encore plus cette situation. Sacro-sainte « réduction des dépenses publiques »Transformés en clients, les usagers paient de plus en plus cher pour de moins en moins de service. Ainsi, dans la santé, les restructurations hospitalières vont continuer, ainsi que les « plans de retour à l’équilibre », avec leurs conséquences sur la qualité et la sécurité des soins, ainsi que sur les conditions de travail des personnels. Il faudrait 3,5 % d’augmentation des budgets hospitaliers pour maintenir leurs effectifs et leurs moyens. Mais les tarifs finançant l’activité hospitalière en 2013 sont en baisse, et cerise sur le gâteau, les cliniques privées commerciales sont favorisées par rapport à l’hôpital public, cliniques qui se voient également accorder un cadeau supplémentaire de 500 millions d’euros au titre du fameux « pacte de compétitivité » ! À cela s'ajoute les suppressions d'emplois publics, qui pourtant représentent 20 % de l’emploi en France. Dans le contexte de chômage actuel, la création d’emplois publics devrait être un levier, une urgence. Au contraire, quand des emplois sont effectivement créés, dans certains secteurs comme l’éducation, cela se fait au détriment d’autres. Ainsi, au moment même où Peillon faisait des annonces tonitruantes, des coupes brutales intervenaient dans l’administration des impôts... alors que la fraude fiscale estimée est de 60 à 80 milliards d’euros par an. Hollande et Ayrault désengagent l'ÉtatLe gouvernement trouve visiblement que ce tableau n'est pas suffisant. C'est dans cette optique, au nom de la « relance des investissements » que le Premier ministre a annoncé le 5 mai dernier la vente de participations de l’État dans les entreprises dont il possède une part du capital. Des privatisations masquées pour financer les priorités présidentielles sans rien céder sur l’austérité. Dans le même objectif , un nouveau contrat de service entre l’État et La Poste a aussi été signé récemment. Il prévoit un acheminement plus long du courrier, de nouvelles suppressions de boîtes aux lettres, et la continuation de la transformation des bureaux en Points poste chez des commerçants. L’État se désengage, La Poste fait des bénéfices, pendant qu’usagerEs et postierEs en paient les conséquences. Rien de bien neuf sous le soleil de Hollande. Mais c'est sans doute dans les collectivités locales que le désengagement de l’État est le plus important. Le 16 juillet dernier, le ­gouvernement a signé un accord avec les élus locaux actant une baisse de 1,5 milliard de la dotation de l'État aux collectivités locales. Un accord qui sans aucun doute dégradera encore plus fortement leurs budgets déjà bien étranglés par les réformes précédentes, mettant à mal des services publics locaux (centre de santé, crèches, etc.) de plus en plus asphyxiés. Il faut imposer que les services publics sortent du cadre des politiques d’austérité. La question essentielle est bien de partir non pas d’une logique comptable, mais des besoins du plus grand nombre ! Sinon les conséquences en sont catastrophiques, comme vient de nous le rappeler brutalement Brétigny-sur-Orge. Sandra Demarcq