Publié le Mardi 10 juillet 2012 à 11h41.

Smic : un sens donné à la rigueur

Avec une augmentation du Smic de seulement 2 % et des plans d’austérité dont il ne dit pas le nom, le gouvernement Ayrault s’inscrit dans la continuité de la politique de rigueur de son prédécesseur.Après un suspense insupportable dû à l’attente des élections législatives, le gouvernement s’est enfin risqué à annoncer une augmentation du Smic de 2 % à partir du 1er juillet, soit 9,40 euros brut de l’heure. Cela représente 21,50 euros net par mois pour un temps plein, pour les 2,7 millions de travailleurs gagnant le salaire minimum. Cette hausse fait passer le Smic mensuel (sur la base de 35 heures de travail hebdomadaires) de 1 398 euros à 1 425,67 euros brut. Avec ce tout petit « coup de pouce », le gouvernement anticipe en fait le relèvement du Smic généré par la hausse des prix, prévue pour le 1er janvier 2013. Ce relèvement automatique aurait été de 1,4 %. Autrement dit, le « coup de pouce », c’est seulement 0,6 %, ce qui correspond à un gain net pour les smicards de 6,45 euros par mois, c’est-à-dire… 21 centimes par jour ! Un carambar par jour selon les uns, une baguette par semaine selon les autres, une misère en tout cas, une véritable provocation. Beaucoup de salariéEs touchent bien moins que le « Smic mensuel », du fait du temps partiel imposé, des contrats à durée déterminée, etc., et notamment les femmes.Dans le même temps, selon les Échos, dans les lettres de cadrage qu’il a envoyées à ses ministres pour définir leurs missions, le Premier ministre leur demande de « stabiliser en valeur les dépenses de personnel » et la « réduction de moitié des crédits réservés aux mesures catégorielles ». Au total et en clair, ne pas augmenter le coût global du traitement des fonctionnaires.Ce n’est pas comme cela qu’on réduira les inégalités : une étude de l’Insee démontre qu’en 2010, dans le privé, les augmentations ont été d’autant plus fortes qu’on monte dans la hiérarchie : le pouvoir d’achat du salaire mensuel net moyen des ouvriers a baissé de 0,2 %. Pour le pouvoir d’achat, l’année 2012 risque d’être la pire depuis trente ans !Le Medef ne s’y trompe pas. « C’est une hausse raisonnable et nous avons le sentiment que le gouvernement a tenu compte de nos inquiétudes », selon Roger-Vasselin, DRH de Publicis et « M. Social » de l’organisation. Sa présidente, Laurence Parisot, après avoir crié « au loup » pendant toute la semaine, estime aujourd’hui que cette revalorisation « limite les risques à l’égard de l’emploi. »Des choix clairsTout au long de la campagne, Hollande avait promis de donner du « sens » à la rigueur... C’est fait ! Avec cette annonce sur le Smic, nous avons la confirmation du sens vers lequel penchent les décisions  gouvernementales. Après la poursuite de la politique de suppression de postes dans la fonction publique, le refus de la régularisation des sans-papiers, le changement reste en attente.Mais le pire pourrait bien être devant nous. « Il faut trouver 33 milliards d’euros », vient d’avertir Didier Migaud, président socialiste de la Cour des comptes. Celle-ci préconise le gel des salaires des fonctionnaires, des prélèvements supplémentaires sur les pensions et retraites, et des hausses d’impôt et de la TVA.Pourtant il existe des solutions efficaces et qui ne s’attaqueraient pas une fois plus au plus défavoriséEs. En décembre dernier, le PS écrivait : « faute d’avoir eu le courage de revenir sur 75 milliards de cadeaux fiscaux, le gouvernement impose au pays une cure d’austérité brutale et injuste, désastreuse économiquement et financièrement inefficace. » Et de lister les différents postes : bouclier fiscal (3,5 milliards), niche Copé (baisse d’impôt pour les grands groupes mondialisés : 22 milliards), baisse de l’impôt sur la fortune  (1,8 milliard), des droits sur les grosses successions (9 milliards), des impôts sur les dividendes (1 milliard), de la fiscalité des entreprises (20 milliards), mesures sur les heures supplémentaires  (18 milliards).À la fin, un engagement : « des mesures justes pour réduire vraiment les dépenses : nous nous attaquerons aux 75 milliards de niches fiscales qui bénéficient aux plus privilégiés ; nous rendrons à l’impôt sa progressivité pour que chacun contribue selon ses moyens ; nous rétablirons les droits de succession sur les grandes fortunes et l’ISF. »Maintenant ?