Le nouveau Premier ministre, Bernard Cazeneuve, a pris ses fonctions ce mardi, après une « déclaration de politique générale » à l’Assemblée nationale qui illustre bien l’état de décrépitude du système politique français...
Le discours du successeur de Valls a montré le décalage qui existe entre le monde politique et la réalité. La tonalité, le vernis, était extrêmement offensif contre la droite, en particulier contre Fillon, contre le FN, contre les massacres en Syrie... Mais, en réalité, à part s’opposer aux suppressions de 500 000 postes dans la fonction publique proposées par Fillon, on ne voit pas bien ce qui différencie Cazeneuve de la droite.
Ainsi, il a assumé toute la politique antisociale du gouvernement, en particulier les mesures répressives dont il a été l’auteur en tant que ministre de l’Intérieur. Il a revendiqué la mise en place de l’état d’urgence, pourtant critiqué même par une commission parlementaire, et soumis au vote sa prolongation. Il a prévu d’augmenter de 6 à 7 % (soit 17 % d’augmentation) le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), ce cadeau au patronat qui sert à augmenter les profits... mais jamais à sauver des emplois.
Maintenir le cap… alors que le navire coule
Le nouveau Premier ministre a revendiqué sa continuité avec la politique de la gauche depuis quatre ans, rendu hommage à la « majorité » parlementaire, à Hollande, à Valls. Un déni complet alors que le navire Parti socialiste prend l’eau de toutes parts, Valls n’étant qu’à 10 %, en cinquième position dans les sondages pour la présidentielle…
Le climat entre les parlementaires de gauche et des Républicains étaient ordurier, s’interrompant, hurlant, insultant, dénigrant… Le spectacle d’un personnel politique pitoyable, faisant semblant que l’avenir du monde se situe au sein de cette assemblée.
Pourtant, les enjeux véritables se situent clairement à l’extérieur. Avec 24 % dans les sondages au premier tour et 35 % au second, le Front national est en embuscade, et il pèse de plus en plus fortement sur la société, avec des manifestations contre les migrantEs, avec la progression du discours nationaliste chez tous les candidats, jusqu’à Mélenchon...
Refuser leurs politiques, imposer les nôtres
La droite est clairement favorite pour la présidentielle, et le PS va continuer sa politique antisociale jusqu’à la dernière minute de son quinquennat. Pour les classes populaires, l’alternative est simple : subir ou réagir.
Face au gouvernement, aujourd’hui comme après les élections, il n’y aura qu’une réponse : la construction du rapport de forces, de la défense des intérêts politiques du monde du travail. Le pouvoir veut casser les services publics ? Nous disons qu’il faut recruter un million de fonctionnaires. Il veut défiscaliser les heures supplémentaires et augmenter le temps de travail ? Nous répondons qu’il faut les 32 heures sans perte de salaire, pour travailler toutes et tous. Il souhaite faciliter les suppressions d’emplois ? Nous voulons l’interdiction des licenciements et des fermetures de sites. Les parlementaires votent l’état d’urgence et des pouvoirs renforcés pour la police ? Nous voulons l’arrêt immédiat de l’état d’urgence, le désarmement de la police et l’abrogation de toutes les lois racistes et islamophobes. Ils se lamentent mais ne font rien pour aider les Kurdes et les Syriens ? Nous voulons le retrait de toutes les troupes françaises et des armes pour les combattantEs kurdes et syriens.
Une campagne électorale pour revendiquer que la solution ne viendra pas des urnes !
La campagne de Philippe Poutou a pour objectif de populariser ces mesures et les moyens pour les imposer : la réquisition des entreprises, la saisie des banques et des fortunes des plus riches, la mobilisation du monde du travail.
Nous ne croyons pas que la solution viendra de l’élection d’un « sauveur ». Nous ne pensons pas comme Mélenchon, qu’avec le PS, « le moment venu, on devra absolument s’entendre »... Nous voulons balayer les institutions, le jeu politique actuel, renverser cette société.
Pour cela, nous avons besoin de faire progresser la confiance de notre camp social dans sa propre force, construire une force politique qui défende jusqu’au bout les intérêts des classes populaires, des exploitéEs. C’est le sens de la campagne de Philippe Poutou, notre priorité politique, en particulier la recherche des parrainages administratifs. Obtenir les 500 sésames pour permettre la candidature du seul ouvrier dans cette campagne, le seul à défendre à la fois la mobilisation unitaire du monde du travail et la rupture avec ce système.
Antoine Larrache