Publié le Jeudi 2 décembre 2021 à 20h00.

Amiante : il faut un procès pénal !

Jeudi 25 novembre, l’Association nationale des victimes de l’amiante (AVA) a déposé une citation à comparaître au tribunal judiciaire de Paris. Une nouvelle action judiciaire pour obliger la justice à ouvrir le procès attendu depuis plus de 20 ans.

Le 27 juin 2017 : le parquet de Paris « estime impossible de dater le début de l’intoxication des victimes, donc d’établir les responsabilités ». Sur cette base, la Cour de Cassation fait annuler successivement toutes les poursuites engagées depuis 1996-1997 contre les responsables. La justice, qui avait déjà mis près de 20 ans à instruire, décidait soudain de passer un grand coup d’éponge sur les responsabilités des industriels et des politiques, scientifiques, experts et hauts ­fonctionnaires complices.

Un crime d’État qui aboutira à 100 000 morts d’ici 2025

Équipes syndicales et associations nationales de victimes ont été accablées par cette impunité annoncée. Ainsi, les mécanismes de lobbying industriel qui ont imposé l’amiante resteraient secrets.

On cacherait les liens étroits entre industriels cupides et sans scrupules et les gouvernants, le fonctionnement d’un ministère de la Santé et du Travail aux ordres.

Car rien n’a changé : les mêmes liens, les mêmes études pseudo-scientifiques, les mêmes experts pour justifier de l’usage du bisphénol A et autres phtalates, pour les néo­nicotinoïdes et le glyphosate, et tant d’autres cancérogènes.

Obtenir à tout prix un procès pénal

Les victimes ne pouvaient renoncer. L’AVA, une des associations nationales de victimes, a pris l’initiative d’une procédure judiciaire par citation directe. D’après Me Vey, leur avocat, 1 900 victimes se sont jointes à cette procédure qui vise 14 responsables de la gestion de l’usage de l’amiante jusqu’à son interdiction en 1997.

La citation vise les infractions suivantes : « homicides et blessures involontaires », « non-assistance à personne en péril », « complicité d’administration de substance nuisible », « complicité de tromperie aggravée » et « association de malfaiteurs ». Le gouvernement fera tout pour bloquer cette procédure. Nous sommes, une nouvelle fois, aux côtés des courageux et courageuses plaignantEs.