Le 7 janvier, après des années de procédure et de multiples reports, la cour d’appel de Bordeaux examinait enfin l’appel formé contre la SAFT pour exposition au poison du cadmium par des salariéEs de l’ex usine SAFT de Nersac (16), aujourd’hui Art Energy, et le Collectif Résistance qui les soutient. Le collectif avait organisé un voyage collectif depuis Angoulême avec le renfort de quelques militants bordelais. Nous publions de larges extraits de la présentation écrite par des camarades du Collectif. Merci à eux.
Notre combat judiciaire contre le groupe SAFT a commencé par la contestation du mal nommé « plan de sauvegarde de l’emploi », en réalité un plan de licenciements, en 2013. La SAFT a cédé son activité Cadmium pour l’euro symbolique à un investisseur, moyen très classique pour se débarrasser de salariéEs et de ne pas assumer ses responsabilités.
Parallèlement, nous nous sommes inquiétés des cas de plus en plus nombreux au fil des années, de maladies parmi nos collègues. Cancers, affections rénales. [...] La cause la plus évidente est l’exposition au cadmium, métal lourd utilisé dans la production de piles et de batteries. [...] Le cadmium, dont les dangers sont connus depuis les années 1950, est considéré comme cancérogène certain pour l’homme depuis 1993. L’ampleur du problème a été révélée par les analyses sanguines qui ont démontré qu’une très grande partie du personnel avait des taux de cadmium dans le sang au-delà des normes. C’est une terrible épée de Damoclès qui menace maintenant ces collègues. La situation est comparable au scandale de l’amiante.
« Au nom des victimes »
À ce jour, certainEs sont décédéEs de ces graves atteintes. Au nom de leurs enfants, de leurs familles et de leurs proches, nous ne pouvions rester inactifs.
En 2015, à quelques-uns, en finançant sur nos deniers personnels, nous avons engagé une procédure pénale pour « mise en danger d’autrui » et « emploi de travailleur à une activité comportant un risque d’exposition à des agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction sans respect des règles de sécurité » contre les dirigeants de la SAFT devant le tribunal correctionnel d’Angoulême qui nous a donné raison en condamnant les responsables. Mais ils ont fait appel et la cour les a blanchis.
Nous avons alors formé un pourvoi en cassation. La haute cour nous a entendus, et elle a cassé l’arrêt de la cour d’appel. L’affaire a donc été renvoyée devant la cour d’appel de Bordeaux en mars dernier, mais les avocats des dirigeants ont demandé un renvoi, ce qu’ils ont obtenu, en juillet. Et là encore, nouveau report. L’avocat de la SAFT était malade... […]
[La SAFT] a bénéficié pendant des années de subventions publiques de l’Europe, de l’État, de la Région Poitou-Charentes et de la Région Nouvelle-Aquitaine sans contrepartie ni contrôle. Encore récemment, le président Macron lui-même est venu sur le site de Nersac annoncer de nouvelles aides publiques. […] Nous souhaitons que notre combat soit aussi un exemple pour tous les salariéEs exposés à des produits dangereux.