Publié le Mardi 16 avril 2019 à 12h41.

AP-HP : la grève est contagieuse

La victoire des personnels des urgences de l’hôpital Henri-Mondor, qui ont obtenu 8 postes d’infirmièrEs et 4 postes d’aides-soignantEs, au terme de 8 jours de grève, en janvier dernier, n’est pas étrangère à la mobilisation qui s’étend actuellement dans les services d’accueil des urgences (SAU) des établissements de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Le directeur général, Martin Hirsch, dont la longévité à la tête du plus grand Centre hospitalier universitaire d’Europe ne s’explique que par sa soumission aux injonctions ultralibérales des gouvernants dont il est le serviteur zélé, pensait poursuivre, sans encombre, son plan social de suppression de postes, 1000 par an.

700 emplois à créer pour assurer la sécurité des soins

C’était sans compter sur la résistance de soignantEs, attachés à leur mission de service public. En effet, les urgences sont en première ligne pour répondre aux besoins sanitaires de la population. Elles constituent le seul recours pour la majorité des habitantEs, quand la médecine libérale n’est soumise à aucune obligation de permanence des soins et valorise la carte bleue plutôt que la carte vitale. Glorifiés quand sont pris en charge les victimes des attentats, celles et ceux qui, jour et nuit, font face à l’afflux massif de personnes nécessitant des soins, sont ignorés et peu soutenus quand surgit l’agressivité et la violence générées par l’angoisse et des temps d’attente interminables. Enfin « la perte de chance », autrement dit la surmortalité qui découle des prises en charges défaillantes du fait de l’absence de moyens humains adaptés, est niée par les autorités sanitaires.

En réponse aux premiers préavis de grève déposés, en mars et en avril, par les syndicats qui soutiennent le collectif inter-SAU constitué de portes-parole des personnels qui s’organisent, le Directeur général propose l’attribution de 45 postes, là où le référentiel de SAMU-urgences de France établit à 700 le nombre d’emplois à créer pour assurer la sécurité des soins. Le collectif revendique donc ces effectifs, une meilleure sécurisation des lieux de travail et la reconnaissance de la pénibilité particulière de leur activité, par l’attribution d’une indemnité évaluée à 300 euros.

Le mouvement fait tâche d’huile et, aujourd’hui, près de 10 services sont entrés dans la danse. Une victoire serait un formidable encouragement adressé aux salariéEs de l’AP-HP, sur lesquelLEs pèse encore la défaite contre la réforme du temps de travail que ce même Directeur général a imposée en 2015.

Partout, en France, des luttes sont menées. Contre la mise à sac de la psychiatrie, contre la fermeture d’une maternité, d’un service d’urgence, d’un hôpital de proximité… Elles sont nombreuses mais dispersées. Un mouvement social d’une ampleur inégalée persiste depuis plusieurs mois et s’exprime, tous les samedis dans les rues de France. L’urgence de la convergence des luttes reste d’actualité, pour faire reculer ce gouvernement et le mettre en échec.

CorrespondantEs