Le 18 mars, l’exécutif, par la voix de Jean Castex, a mis fin au double langage pratiqué depuis des semaines au sommet de l’État. Il a entériné l’échec du « pari » de Macron de ne pas reconfiner, et d’alléger à court terme les contraintes de plus en plus mal supportées que le pouvoir fait peser sur nos vies.
Face à la flambée du virus, de ses nouveaux « variants », et à la saturation des services hospitaliers, le Premier ministre a annoncé un nouveau confinement de seize départements, où réside un tiers de la population du pays : nouvelles restrictions à la liberté de circulation, retour au régime des attestations, interdiction de sortir des territoires concernés, fermeture des commerces dits « non essentiels ». Le dispositif pourrait s’étendre à de nouvelles régions dans les semaines qui viennent.
Grotesque et dangereux
Quelques heures seulement après la déclaration du Premier ministre, la publication de la nouvelle attestation supposée organiser les déplacements et la vie des habitantEs des départements concernés a provoqué un tollé général. Tatillonne, contradictoire et incompréhensible, elle a dû être retirée et modifiée en catastrophe ; le fiasco virant au scandale.
Au-delà de ses côtés grotesques, qui ont déchaîné les commentaires humoristiques sur les réseaux sociaux, cet épisode est révélateur de l’impasse dans laquelle s’enferme l’exécutif et de l’exaspération que suscite sa politique depuis un an contre l’épidémie.
Refusant de prendre les mesures sanitaires et sociales qui auraient permis de ralentir l’épidémie au sortir du premier confinement, le pouvoir n’a eu qu’un objectif : faire à tout prix tourner les secteurs clés de l’économie et, pour y parvenir, maintenir à tout prix l’école ouverte, en évitant seulement que les services hospitaliers, sans moyens supplémentaires, ne soient trop débordés.
À chaque emballement de l’épidémie, l’exécutif qui n’avait rien anticipé, a utilisé comme outil politique par défaut les « coups de frein » autoritaires sous forme de couvre-feu, de limitation de la vie sociale hors entreprise et des loisirs. À en user et en abuser, Il a transformé la population en petits soldats, sommés, sous peine de sanctions et d’amendes d’appliquer des ordres, de moins en moins compréhensibles et dont l’efficacité diminue avec le temps. Il en récolte aujourd’hui les fruits. Les effets de ce nouveau confinement risquent d’être limités, à l’heure où la politique de vaccination piétine, du fait là aussi des choix politiques du pouvoir.
Imposer les décisions sanitaires et sociales
Les objectifs de vaccination massive annoncés pour les semaines qui viennent apparaissent peu crédibles, et ne permettront pas d’endiguer dans les délais voulus la vague qui s’annonce. Ils sont en outre totalement dépendants des aléas des livraisons de trusts pharmaceutiques, faute d’une remise en cause des brevets et faute d’une réquisition des laboratoires pour avoir la maîtrise de la production ; sans parler de la suspicion contre la vaccination que les flottements et les mensonges du pouvoir ne font qu’entretenir.
La colère et l’exaspération contre l’incapacité de l’exécutif à combattre l’épidémie, et contre sa gestion autoritaire, sont visibles. Mais à elles seules elles ne suffiront pas à imposer d’autres choix.
Faute de perspectives, elles peuvent se transformer en actions irresponsables contre toute mesure de protection face au virus qui, loin d’être une solution, aggraveront la crise sanitaire. L’enjeu est donc de les transformer en mobilisations unitaires pour imposer les décisions sanitaires et sociales nécessaires pour sortir de cette crise. Le combat qui se mène aujourd’hui, avec l’occupation des lieux de culture, ouvre une brèche, qu’il est urgent d’élargir.