Les brevets sont synonymes d’apartheid vaccinal, mais aussi de hold-up sur la Sécu, avec les prix forts qu’ils imposent, pour des vaccins financés sur fonds publics. Avec les 2,5 milliards d’euros déboursés pour l’achat des vaccins anti-covid, on aurait pu embaucher 59 000 infirmierEs !
Seuls 4,5 % des habitantEs des pays à faible revenu sont vaccinés contre le Covid-19, contre 61 % des européens et 67 % des américains. L’apartheid vaccinal tue, fragilise les plus pauvres, prolonge la pandémie, aggrave les risques de nouveaux variants plus agressifs. Et à l’heure de l’austérité dans la santé, du «risque d’un effondrement de l’hôpital », les brevets synonymes de hold-up sur notre Sécu sont insupportables ! Le collectif « Brevets sur les vaccins anti-covid, stop. Réquisition ! » a fait ses calculs : « Nous payons deux fois les vaccins. Une première fois à travers le financement public de la recherche, une deuxième fois par les achats à prix fort décidés par les États des pays les plus riches. Les 2,5 milliards d’euros payés par notre Sécurité sociale en 2021 pour les vaccins covid auraient pu servir à ouvrir des lits d’hôpitaux, à embaucher et mieux payer les personnels, à développer des campagnes de prévention. 2,5 milliards d’euros, c’est l’équivalent du salaire annuel et des cotisations sociales, et donc de l’embauche, de 59 000 infirmierEs ! »
Le business des anti-viraux
Mais il n’y a pas que les vaccins qui participent à l’apartheid sanitaire et aux surfacturations. Les nouveaux anti-viraux en comprimés qui arrivent représentent un pas très important dans la lutte contre la mortalité covid. Le Molnupiravir de l’américain Merck (MSD) permettrait une réduction de 50 % du risque d’hospitalisation et de décès pour les patients diabétique, hypertendus ou obèses. Mais il faudra se contenter d’un simple communiqué de presse en guise de certitude d’efficacité : secret commercial et secret des études cliniques oblige ! Selon les experts de la Harvard School of Public Health et du King’s College Hospital de Londres, il en coûte 17,74 dollars pour produire un traitement. Que Merck facture quarante fois plus, 712 dollars, au gouvernement étatsunien…
alors que la recherche sur le Molnupiravir a été réalisée par l’Université Emory, grâce aux 10 millions de dollars du ministère de la Défense US, et aux 19 millions de dollars de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses. La société privée Ridgeback a récupéré les droits, qu’elle a revendus deux mois plus tard à Merck. Les deux vont toucher 1,2 milliard de dollars du gouvernement US pour l’achat de 1,7 million de doses de l’anti-viral, financé sur fonds publics !
Merck prévoit de produire 10 millions de doses. Jackpot. Quant au prix que Véran a accepté pour l’achat de 50 000 doses, et que notre Sécu va payer, secret commercial ! Coup de com, Merck rend public son accord avec Medicines Patent Pool, avec des prix différenciés « pour un meilleur accès » selon la richesse des pays. Fausse générosité. Pour Merck, cet accord de licence volontaire préserve l’essentiel. Les brevets ne sont pas mis en cause, et l’accord est assorti d’une clause de non-exportation. Pas de concurrence sur les marchés des pays riches qui lui fournissent l’essentiel de ses revenus, où il pourra continuer à exiger 40 fois le prix de revient. Sans compter que certains pays, qui ne relèvent pas encore des accords de propriété intellectuelle de l’OMC, vont ainsi être obligés de faire affaire avec Merck, alors qu’ils auraient pu produire ou acheter des génériques ! Le 30 novembre, on se lève… pour la levée des droits de propriété industrielle !