Publié le Vendredi 20 mars 2015 à 18h33.

Centre hospitalier d’Orléans (45) : aux urgences, la grève dure... très dure

Dans un contexte général de casse de la santé publique et des hôpitaux, la reconstruction du centre hospitalier régional d’Orléans connaît les pires difficultés. Le regroupement sur un seul site de la médecine, de la chirurgie et de l’obstétrique vise à faire des économies de personnel en rationalisant l’organisation des soins et la logistique de l’hôpital...

À peine partiellement ouvert, ce projet pharaonique d’un milliard d’euros connaît ses premières difficultés. Lancée avant la crise, cette reconstruction est devenue une épine douloureuse dans le pied des technocrates du ministère. Tout a été fait pour saboter ce projet jugé après coup démesuré et trop coûteux. Prévu pour fonctionner avec mille emplois supplémentaires (médicaux et non médicaux) lors de son élaboration, c’est avec des créations d’emplois nulles que le nouvel hôpital et ses 300 lits supplémentaires ouvrent. Délirant !

Comme de vulgaires cliniques commerciales...Gangrenés financièrement et idéologiquement par le mode de financement de la tarification à l’activité (T2A), les hôpitaux publics sont contraints de fonctionner non pas en fonction des besoins de la population mais suivant la rentabilité des soins dispensés.Depuis l’épisode de la canicule de 2003 avec ses 15 000 morts, l’activité des services d’urgence n’a cessé d’augmenter sans réels moyens supplémentaires. Mais ce que souligne surtout cette crise, c’est la profonde mutation que les réformes successives du système hospitalier public ont imposée aux établissements. Poussés à fonctionner comme des cliniques commerciales, les hôpitaux n’arrivent plus à prendre ce qui n’est pas « programmé », comme les patientEs des urgences.Outre qu’ils perturbent les véritables chaînes de production de soins que sont devenues les unités d’hospitalisation, les patientEs des urgences exposent les services à un risque vécu comme majeur par les directions : la durée de séjour... Un lit occupé trop longtemps n’est plus disponible pour accueillir d’autres personnes génératrices de nouvelles rentrées d’argent !De plus, avec la saturation des urgences, l’hospitalisation « sauvage » de 30 à 60 malades sur des « brancards », le manque de lits en gériatrie, et le refus d’hospitalisation pour cause de rentabilité, c’est la mise en danger des patientEs et du personnel. Le plan de retour à l’équilibre impose un sous-effectif chronique et des conditions de travail désastreuses (rappel à domicile des agents, heures sup, alternance jour-nuit…)...

Le droit de retrait, du jamais vu !Lundi 23 février, après avoir fait valoir son droit de retrait, l’équipe des urgences a voté la grève reconductible à compter du lundi 2 mars. Les revendications ? Arrêt de l’hospitalisation « sauvage » dans les couloirs des urgences ; remplacement de tout le personnel en arrêt (maladie, maternité…) pour que les repos hebdomadaires soient respectés et les récupérateurs planifiés (plus de 5 000 heures supplémentaires) ; création de postes pérennes d’infirmierEs ; renforcement des services d’hospitalisation d’aval en moyens et en personnel.Devant l’absence d’ouverture de négociations avec la direction, avec le soutien des médecins urgentistes et de l’ensemble des hospitaliers, une délégation d’hospitalierEs s’est invitée à l’ARS du Centre en intersyndicale SUD-CGT. Une véritable convergence des luttes avec l’équipe des urgences du CHRU de Tours, en grève depuis un mois. La délégation d’Orléans a exprimé sa détresse, sa souffrance au travail et les risques pour les patients. La réponse de l’ARS : budget contraint (les 10 milliards d’économies d’ici 2017 !) et renvoi des décisions à la direction de l’hôpital. Seul déblocage : payer quelques heures supplémentaires... Une proposition aussitôt refusée par les hospitaliers présents.Même discours du patron du CHR... Et même refus de cette aumône méprisante de la part de l’équipe des urgences. La grève continue.Le personnel est fortement demandeur d’une convergence des luttes de tous les services d’urgence. Un appel va être lancé à tous et toutes les hospitalierEs pour amplifier cette lutte exemplaire et créer le toutes et tous ensemble incontournable pour gagner.

CorrespondantEs