Le 2 décembre le rapport de la mission parlementaire sur « l’impact, la gestion, et les conséquences » de l’épidémie de Covid-19 en France a été rendu public.
Cette mission avait été créée le 17 mars 2020 alors que débutait le premier confinement, face à l’émotion et à la colère suscitées par la gestion de la crise par l’exécutif, symbolisée par le scandale des masques.
Un constat sans appel…
Ce rapport a un mérite, celui de fournir un tableau précis et documenté de la gestion calamiteuse de l’épidémie par l’exécutif : impréparation face à un risque prévisible et annoncé (la question des masques occupe une large part du rapport), mensonges pour couvrir cette impréparation, incapacité à protéger les résidentEs dans les EHPAD, manque de protection du personnel hospitalier, manque de moyens de l’hôpital, impréparation de la sortie du confinement, fiasco de la politique de tests amenant à un second confinement. Le rapport établit sans ambiguïté que les choix politiques et les actes de ceux qui gouvernent ce pays ont eu des conséquences très lourdes pour la santé et la vie de dizaines de milliers de personnes et ont exposé sans protection suffisante soignantEs et hospitalierEs.
… et sans mises en cause
On chercherait pourtant en vain, dans le rapport, l’exigence que l’exécutif ait des comptes à rendre sur ces choix et ces actes. Le rapporteur Éric Ciotti dénonce en toute occasion le « laxisme » de la justice et exige des peines « exemplaires » et toujours plus de sévérité et de répression contre les « délinquants »… quand il s’agit de sans-papiers ou de jeunes des quartiers.
Pourtant il n’est pas question pour M. Ciotti et ses collègues d’exiger dans leur rapport que les « délinquants » portant la responsabilité de milliers de morts évitables, de la mise en danger du personnel hospitalier aient des comptes à rendre. Ils se montrent particulièrement conciliants et compréhensifs, mettant en avant « les inconnues scientifiques qui se sont muées en hésitations » et n’ont « pas facilité la prise de décision publique qui, pour sa part, était soumise à un impératif d’urgence ».
Le résultat de choix politiques partagés
Les raisons de ce silence sont aisément explicables : la mise en cause des coupables d’aujourd’hui rejaillirait sur les coupables d’hier, c’est-à-dire les gouvernements de droite et de gauche qui les ont précédés, et les forces politiques qui les ont soutenus. Mieux vaut donc faire preuve de « compréhension ». Année après année, poursuivant les politiques d’austérité et de destruction de la protection sociale, droite, PS, « République en marche » ont tous contribué à la réduction des crédits, tant en ce qui concerne les stocks de matériel (masques), que la diminution des moyens du système de santé. Il était dès lors difficile de demander des comptes à l’exécutif, sans se mettre en cause soi même.
Des propositions qui ne répondent en rien à la situation
Le rapport se limite donc à formuler 30 propositions en complet décalage avec les besoins de la lutte contre le Covid-19 et de futures épidémies.
La nécessité de renforcer les moyens de l’hôpital public est évoquée, sous une forme vague, sans chiffrage ni précision, à laquelle s’ajoute l’accroissement… de la polyvalence.
Le rapport préconise la création d’un poste de sous-ministre chargé d’anticiper les crises… sous la responsabilité du Premier ministre et le renforcement du pouvoir des préfets sur les questions sanitaires : des mesures qui vont dans le sens d’une gestion autoritaire des crises sanitaires dont chacun a pu mesurer l’inefficacité en même temps que le caractère liberticide, loin de l’exigence qui s’est affirmée pendant la crise d’une gestion démocratique des crises sanitaires, par une alliance des professionnels de santé et de la population mobilisée.