Réunissant plus de 400 personnes dont de nombreux médecins à la fac de médecine de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), l’assemblée générale appelée par le Collectif inter-hôpitaux (CIH) le 10 octobre a été un petit succès. Les organisateurs n’avaient réservé qu’une salle de 160 places et ont dû en ouvrir deux autres…
Au vu des participantEs, on aurait pu imaginer une discussion verrouillée et convenue mais des voix différentes, y compris parmi les médecins, ont réussi à se faire entendre. Une motion a été adoptée revendiquant des moyens financiers à la hauteur des besoins identifiés par les services, l’augmentation des salaires du personnel et la réouverture des lits dans les hôpitaux.
Les prémisses d’une deuxième vague
Plus de 260 services d’urgences sont toujours en grève. L’audace et l’insolence des grévistes sont toujours là. Vendredi dernier, à la suite des différentes grèves dans les services d’urgences toulousains, il n’y avait qu’un seul service en capacité d’accueillir le SAMU. À Beaumont-sur-Oise, les urgences se sont mises en grève aux côtés d’autres services comme le SSR, l’USLD, l’EHPAD, la MAS pour ne citer que les plus importants. À Saint-Denis, un collectif s’est monté et réunit toutes les semaines des salariéEs non syndiqués, syndiqués et des médecins sur les deux sites du centre hospitalier. Outre les urgences et le SMUR, des services de la maternité se déclaraient en grève le mardi 15 octobre : « La couche est pleine ! »
La mobilisation semblait toutefois stagner dans les hôpitaux de l’AP-HP (80 000 salariéEs) où, malgré les multiples appels du Collectif inter-urgences (CIU) à étendre les grèves au-delà des services d’urgences, les militantEs peinent à organiser des assemblées générales groupant des salariéEs de différents services. De l’assemblée du CIH, très certainement l’une des échéances groupant sur Paris le plus de monde depuis le début de la mobilisation, il ressort un calendrier de mobilisation difficilement négocié mais appelant à trois échéances de rue dans le mois : le 15 octobre, le 29 octobre et le 14 novembre. Dans le contexte actuel, toutes les opportunités sont bonnes à prendre pour visibiliser les luttes des hospitalierEs. L’appui désormais explicite de médecins peut, sans doute, permettre de rassembler plus de monde dans la rue. Et le 15 octobre, les hospitalierEs se sont mélangés à des milliers de pompiers dans une ambiance enfiévrée.
Un plan d’urgence pour le personnel ?
Un des points faisant le plus discuter durant l’AG du 10 octobre est l’arrêt ou la rétention du codage T2A qui mettrait un vrai bordel administratif et toucherait financièrement l’hôpital. À Robert-Debré (AP-HP), les médecins ont arrêté la T2A depuis 15 jours et la pratique pourrait faire tache d’huile. « Il faudrait qu’ils arrêtent les consultations non urgentes ? » entendait-on depuis le fond de salle à ce moment-là. Les paramédicaux présents en voulaient plus. L’arrivée de grands pontes, chefs de service et cadres, peut possiblement à ce stade constituer un appui. L’essentiel demeure d’organiser et de structurer le mouvement à partir de la base, ce qui se révèlera essentiel dans le cadre d’un développement de la mobilisation notamment pour organiser les soignantEs indépendamment des chefs de pôle.
Un vrai débat se pose déjà : c’est la question du salaire qui risque de passer au second plan si la mobilisation tourne autour des préoccupations de chefs de service relatives à l’organisation de l’hôpital. La revendication de 300 euros d’augmentation de salaire pour tous, c’est pourtant la force du mouvement déclenché par le CIU et ce qui fait réagir les collègues. Des embauches ? Des moyens à hauteur des besoins ? À qui est-ce de le dire ? Qui doit chiffrer ? Qui doit contrôler l’usage des fonds ? Bref, des opportunités à saisir et une mobilisation de travailleurEs à étendre et à organiser.
CorrespondantEs