La grève des médecins généralistes des 1er et 2 décembre a été massivement suivie, démontrant l’inquiétude de toute une profession. Dans de nombreuses communes, la majorité des cabinets étaient fermés.
Partie de la base, avec un groupe Facebook Médecins pour demain de plus de 14000 généralistes, la grève a obtenu le soutien de quasiment tous les syndicats médicaux libéraux. Mais ses organisateurs, dans leur conférence de presse par exemple, ont choisi de mettre en avant l’exigence du doublement du tarif de la consultation à 50 euros, le refus du travail partagé avec les autres professionnelEs de santé et la menace à peine voilée du déconventionnement. L’UFML du Dr Marty organise d’ailleurs en mars 2023 les Assises du déconventionnement ! Pas de réponse à la question des déserts médicaux, qui privent de médecin plus de 10 % de la population française. Quant à l’abandon des soins qui touche plus de 30 % des personnes, pour cause de dépassement d’honoraires et de reste à charge qui explose, il ne peut qu’être aggravé par l’exigence du doublement du tarif des consultations, et l’explosion prévisible du tarif des mutuelles qui s’en suivrait.
Pour un service public de santé de proximité, pluridisciplinaire
Seul le syndicat de la médecine générale (SMG), malheureusement ultra-minoritaire, s’est prononcé contre cette grève très libérale et corporatiste. Citons-le longuement. « Le SMG ne partage pas les revendications quant à l’augmentation des tarifs des consultations en médecine générale, mais milite au contraire contre la rémunération à l’acte et contre la libéralisation de la protection sociale. Il défend une assurance maladie obligatoire universelle remboursant à 100 %, où chacunE cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. Il ne partage pas non plus la critique systématique de l’exercice coordonné et du partage des tâches avec les autres professionnelEs de santé. Au contraire, il défend l’idée que la pluridisciplinarité et les regards croisés entre professionnelEs sont une partie de la solution pour améliorer l’état de santé individuel et global de la population ». Un constat que nous partageons. Ni défense d’une médecine libérale, où l’augmentation du tarif de la consultation permettrait aux médecins de réduire leur temps de travail et de maintenir leurs revenus mais au prix d’un abandon et d’une sélection aggravée des patientEs, ni ubérisation d’une médecine de ville toujours plus à la chaîne, entre temps de consultation réduit au minimum et cabine de téléconsultation dans les supermarchés !
Pour que la perspective d’un service public de santé de proximité, pluridisciplinaire, prenant en charge soins, prévention, formation, petites urgences, et éducation à la santé avec la participation active de la population, devienne populaire auprès des médecins, il faut desserrer le nœud coulant de l’austérité qui rend le service public si peu attractif, quand il a le visage de l’hôpital-entreprise qui fait fuir les personnelEs de santé. L’exemple de l’Espagne, où 200 000 personnes se sont retrouvées dans la rue, usagerEs, personnelEs de santé, associations de malades unis pour le doit à la santé montre que ce combat est possible. Il reste à la construire.