Pour la première fois, le 22 octobre, une décision de justice a mis en cause la responsabilité des laboratoires Servier dans l’affaire du Mediator.
Selon une expertise judiciaire, ce médicament « coupe-faim » pourrait être à l’origine de la mort de 2 100 personnes, et de conséquences dramatiques pour la vie de milliers d’autres. Le tribunal de grande instance de Nanterre a condamné Servier à indemniser 2 patients estimant qu’il était civilement responsable de la « défectuosité » du Mediator.
C’est à la fois beaucoup et bien peu. Pour la première fois, Servier est condamné, même s’il peut faire appel de la décision, et c’est un pas décisif. Mais cinq ans après le dépôt des premières plaintes, cette décision ne concerne que 2 cas sur les centaines de procédures engagées, et les indemnisations sont particulièrement faibles : dans un cas 27 350 euros (alors qu’il en réclamait 900 000) et l’autre 10 000 !
« Une étape »
Pas vraiment de quoi dissuader Servier qui tente par tous les moyens de « jouer la montre » et d’éviter les condamnations en indemnisant les victimes « à l’amiable »...
De plus, il s’agit de condamnations sur le plan civil (indemnisations), alors que les procédures pénales, contre un laboratoire qui ne pouvait ignorer les dangers du Mediator sont pour l’instant enlisées.
Le combat des victimes des agissements du « labo-voyou » est donc loin d’être terminé. Le docteur Irène Frachon, qui a eu le courage de se dresser contre Servier, constate que « le temps de la justice a un côté surréaliste ». Pour elle, « cette décision n’est qu’une étape sur un long chemin pavé d’embûches. Elle ne concerne que deux victimes, alors qu’il y en a des milliers. Une fois de plus, je vais continuer le combat, au corps à corps ».
Une détermination qui doit être aussi la nôtre.
J.C. Delavigne